"On utilise tous les moyens pour empêcher l'arrivée des réfugiés illégaux" : les ONG qui portent secours aux migrants dans la Méditerranée sont criminalisées
Le conseil de l'Europe a appelé les pays de l'UE à ne plus renvoyer des migrants en Libye tant qu'ils continueront à être placés en détention et torturés. Pourtant, les bateaux qui sauvent les migrants en mer continuent d'être criminalisés en Europe.
De plus en plus indésirables aux yeux des États qui sont en première ligne face aux flux migratoires, les bateaux des ONG qui viennent en aide aux migrants sont bloqués dans les ports. C'est le cas du Lifeline, qui est amarré depuis plus d'un an à Malte, île frontière au cœur de la Méditerranée. Sa coque bleue fatiguée, d'où s'échappent des odeurs de graisse et de pétrole, restera à quai tant que le procès intenté par le gouvernement maltais ne sera pas terminé. Officiellement pourtant, ce n’est pas parce qu'il a débarqué 234 migrants que son capitaine est jugé, mais pour des questions administratives relatives à l'enregistrement du navire.
"Obtenir des gouvernements une approche plus humaine"
Anna, libraire idéaliste aux cheveux décolorés vient de poser son sac sur le pont écrasé de chaleur. Elle est venue de Cologne et a entraîné son père pour quinze jours dans l’aventure du Lifeline. "On va préparer le bateau pour qu’il puisse repartir dans un mois ou deux," explique-t-il. Pourtant, Marc Tilley, le porte-parole de l’ONG allemande affirme que les autorités feront tout pour entraver son retour au port. "Le pays va continuer à criminaliser les ONG, regrette-t-il. On va peut-être trouver un système, comme en Italie où le gouvernement demande une contravention de 500 000 euros par personne. Ça, ça sera la fin des missions." Les migrants continuent pourtant leur mortelle traversée de la Méditerranée.
Trois adolescents de 15, 16 et 19 ans sont accusés d’avoir détourné le bateau commercial qui les avait recueillis en mer pour ne pas retourner en Libye. Ils seront bientôt jugés à Malte. Accusés d’actes de terrorisme, ils risquent 20 ans de prison. "Le gouvernement maltais ne fait que suivre une tendance générale en Europe, où l'on érige des murs, et où l'on utilise tous les moyens pour empêcher l'arrivée des réfugiés illégaux", dénonce leur avocat, Neil Falzon, qui dirige Aditus, une association d'aide aux migrants.
"Il faut donc aussi agir contre ce qui se passe à Bruxelles et dans les autres capitales pour inverser cette tendance et obtenir des gouvernements une approche plus humaine" affirme l'avocat. Selon l’ONG Open Democracy, ces cinq dernières années 250 personnes ont été poursuivies pour délit de solidarité dans 14 pays différents, France et Italie en tête.
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