Évacuation controversée d'un camp de migrants : Médecins sans frontières va déposer plainte contre le préfet de police de Paris
Corinne Torre, cheffe de mission France pour Médecins sans frontières, a réagi mardi à la dispersion par la police de plusieurs centaines de migrants lundi soir place de la République à Paris.
Médecins sans frontières va "probablement" déposer "une plainte" contre le préfet de police de Paris Didier Lallement après l’évacuation controversée d’un camp de migrants lundi soir place de la République à Paris, a indiqué Corinne Torre, cheffe de mission France pour Médecins sans frontières (MSF), sur franceinfo mardi 24 novembre. Dans un communiqué, MSF indique déposer une plainte pour "violences volontaires" et "atteinte aux biens des associations et des exilés".
Les images de l’évacuation ont été jugées "choquantes" par le ministre de l'Intérieur qui a annoncé avoir demandé un rapport au préfet de police. Corinne Torre n’appelle pas à la démission du préfet : "Notre objectif c’est d'alerter sur des situations qui sont inacceptables et de tout faire sur un plan diplomatique pour que ces pratiques cessent."
franceinfo : Qu’est-ce qui vous a choqué hier place de la République ?
Corinne Torre : Ce qui a été extrêmement choquant, c’est de voir qu’il y ait autant d’"incidents policiers" vis-à-vis d'élus. Il y avait des élus, des avocats, il y avait des migrants. Il y avait journalistes et c'est incroyable qu'il y ait eu une telle charge de la police pendant plusieurs heures.
Qu’attendez-vous du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’est dit "choqué" par les images de l’évacuation ?
J'attends qu'il vérifie ce que font les forces de l'ordre, parce que c'est tout de même assez étonnant que le ministre de l'Intérieur ne soit pas informé de la situation. Cela fait une semaine depuis le démantèlement du camp de Saint-Denis qu'il y a eu une chasse à l'homme tous les jours vis-à-vis de ces personnes, pour les empêcher de se regrouper et qu'il est pratiquement impossible, même dans cette situation sanitaire, de leur apporter des consultations médicales, puisque nous n'avons pas le droit d'avoir une file d'attente devant les cliniques mobiles de MSF, par exemple.
Qu’entendez-vous par "chasse à l’homme"?
Tout a été fait depuis plusieurs jours pour les disperser dans la capitale. Les personnes qui étaient présentes hier soir n'ont pratiquement pas dormi depuis une semaine. Elles sont chassées pour éviter de se regrouper, ne serait-ce qu'à dix personnes. C'est une politique qui est inappropriée compte tenu du contexte sanitaire. La priorité serait peut-être plutôt de les loger déjà.
Le syndicat Synergie officiers déclare sur Twitter que "la violence est du côté des militants altermondialistes bobos qui téléguident ces gens en les méprisant profondément". Comment réagissez-vous ?
Ce n'était pas spécialement des militants qui étaient sur place. L'objectif de ce regroupement, c'était d'essayer de visibiliser des personnes qui n'ont pas fait l'objet d'une proposition d'hébergement depuis la semaine dernière au niveau du camp de Saint-Denis. S'ils veulent parler de militantisme de la part d'élus, d’avocats, de la part d'associations qui apportent des soins à toute personne, je trouve ça extrêmement grave et totalement dépassé.
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