Drame de Melilla : "La politique de l'Union européenne conduit à ces drames", déplore Amnesty international
Au moins vingt-trois migrants ont péri lors de la tentative de passage en force de près de 2 000 clandestins d'origine d'africaine, ce vendredi dans l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc. Ces tensions font craindre un engrenage de la violence.
"C'est la politique de l'Union européenne qui conduit à ces drames", réagit dimanche 26 juin le président d'Amnesty international France Jean-Claude Samouiller après la mort d'au moins 23 migrants aux portes de l'enclave espagnole de Melilla, au Maroc. "Chaque fois les trafiquants d'êtres humains et les passeurs sont pointés du doigt mais l'Union européenne a également une grande responsabilité dans ces drames en fermant ses frontières." :
Condamnez-vous la réaction des gendarmes espagnols vendredi soir ?
C'est un drame de plus, un drame de trop comme nous le disons à chaque fois. La mer Méditerranée est la route d'immigration la plus dangereuse au monde avec en moyenne 3 000 morts chaque année. Nous condamnons donc effectivement sans réserve l'utilisation disproportionnée de la force par les gendarmes. Les personnes ont droit au respect de leurs droits fondamentaux que sont le droit à la vie et à ne pas être persécutés et violentés. Par dessus tout, on ne peut pas transiger avec le statut de réfugié, qui est la seule chose qui reste quand tous les autres droits ont été bafoués. Nous nous associons donc aux demandes d'enquête pour savoir exactement ce qu'il s'est passé.
D'où viennent ces migrants et pourquoi quittent-ils le continent africain par cette enclave ?
C'est un petit bout d'Europe sur le territoire africain donc si des personnes arrivent à accéder à ce territoire, soit à Melilla soit à Ceuta, les deux enclaves espagnoles sur le territoire marocain, elles peuvent faire une demande d'asile et obtenir le statut de réfugié. Ce sont des personnes qui viennent surtout d'Afrique subsaharienne et qui donc, après analyse aprofondie et individuelle de leur situation, peuvent prétendre au statut de réfugié.
Les trafics d'êtres humains organisés par la mafia se sont-ils accélérés ces dernières années comme le dénonce le Premier ministre espagnol ?
Oui mais c'est toujours ce que disent les gouvernements quand ils veulent se décharger de leur obligation à respecter les droits des personnes réfugiées. C'est le cas en Angleterre, qui renvoit des migrants au Rwanda pour couper l'herbe sous le pied des passeurs. Chaque fois les trafiquants d'êtres humains et les passeurs sont pointés du doigt mais l'Union européenne a également une grande responsabilité dans ces drames en fermant ses frontières et en s'érigeant en forteresse on empêhce les personnes qui ont droit à une protection internationale de le faire valoir et ces personnes emploient des routes de plus en plus dangereuses. C'est la politique de l'Union européenne qui conduit à ces drames.
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