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Erdogan n'acceptera les renvois de migrants que si les Turcs sont exemptés de visas

L'accord sur les migrants entre l'Union européenne et la Turquie est menacé.

Article rédigé par franceinfo
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul (Turquie), le 7 août 2016. (OZAN KOSE / AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan ne décolère pas, vexé par l'attitude des Occidentaux à son égard. Engagé dans des purges massives, il estime, dans une interview au Monde lundi 8 août, que "le monde occidental" ne s'est pas montré assez "solidaire", après la tentative de putsch. Excédé, il promet que si l'exemption de visas pour les Turcs n'est pas appliquée, il n'acceptera aucune réadmission de migrants.

La Commission européenne a proposé en mai d'exempter de visas les Turcs voyageant dans l'espace Schengen, sous certaines conditions, dans le cadre de l'accord scellé le 18 mars entre l'UE et la Turquie sur la gestion de la crise migratoire. Mais "l’Union européenne ne se comporte pas de façon sincère avec la Turquie. Nous accueillons actuellement 3 millions de réfugiés alors que la seule préoccupation de l’UE est qu’ils n’arrivent pas sur son territoire", estime le président turc dans Le Monde. "On nous a proposé d’accepter les réadmissions [de migrants venant de Turquie] en échange d’une exemption de visa pour les citoyens turcs. L’accord de réadmission et l’exemption de visa devaient entrer en vigueur simultanément le 1er juin. Nous sommes aujourd’hui en août et il n’y a toujours pas d’exemption de visa. Si nos demandes ne sont pas satisfaites, les réadmissions ne seront plus possibles."

Les Occidentaux n'ont pas fait "preuve d'empathie"

De fait, depuis la tentative de putsch, le flot de migrants vers la Grèce a repris, signale Le Figaro. "L'accord UE-Ankara n'est plus véritablement appliqué depuis plusieurs semaines, remarque le journal. Les renvois de migrants et réfugiés sont inexistants, seules les relocalisations vers la France sont actives, on compte 400 réfugiés transférés en France tous les mois. Les frégates turques participant, aux côtés de celles de l'Otan, au contrôle de la mer Égée, ont disparu."

Très remonté, Recep Tayyip Erdogan estime que "les Occidentaux ne devraient pas se soucier du nombre de personnes arrêtées ou limogées. Un Etat a le droit de recruter et de licencier les fonctionnaires qu’il souhaite." Il ajoute qu'"au lieu de faire preuve d’empathie, les dirigeants occidentaux ont eu la réaction opposée. Cela nous attriste, c’est inacceptable."

Interrogé sur la peine de mort, le président turc laisse une nouvelle fois entendre qu'elle pourrait faire son retour en Turquie : "Si des millions de personnes dans tout le pays demandent la peine de mort, cette requête sera prise en considération par le Parlement, qui décidera s’il faut la réinstaurer, même s’il existe déjà dans le code pénal des peines très sévères prévues à l’encontre des putschistes." L'Union européenne a fait de la peine de mort une ligne rouge à ne pas franchir dans la perspective d'une intégration. "Si le Parlement décide de réinstaurer la peine capitale, nous ne nous soucierons pas de ce que pensent les autres, nous l’appliquerons", promet pourtant le président turc.

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