Avec plus de 10 400 morts, l'année 2024 a été "la plus meurtrière" pour les migrants tentant d'atteindre l'Espagne, alerte une ONG

Le nombre de décès est 58% supérieur à celui enregistré par l'association Caminando Fronteras l'année dernière sur les routes migratoires vers l'Espagne.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des personnes sont secourues par des sauveteurs espagnols dans l'océan Atlantique, au large des îles Canaries, le 22 septembre 2024. (ANTONIO SEMPERE / AFP)

Rapporté à une moyenne quotidienne, cela représente 30 personnes tuées chaque jour entre janvier et le 15 décembre 2024. Lors de l'année écoulée, 10 457 migrants, originaires d'au moins 28 pays, sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l'Espagne, en particulier via les îles Canaries, alerte un rapport publié jeudi 26 décembre par l'ONG espagnole Caminando Fronteras. "Cette année devient la plus meurtrière" depuis que l'organisation tient des registres, a-t-elle annoncé dans un communiqué. Parmi les victimes figurent 421 femmes et 1 538 enfants et adolescents, selon ce rapport.

Le nombre total de décès est 58% supérieur à celui enregistré par l'ONG l'année dernière, qui recensait déjà 6 618 personnes mortes ou disparues sur les routes migratoires vers l'Espagne en 2023. "Ces chiffres mettent en évidence un profond échec des systèmes de sauvetage et de protection", a déclaré Helena Maleno, coordinatrice du rapport, dénonçant "une tragédie inadmissible". Elle appelle "à ce que la priorité soit donnée à la protection du droit à la vie, que soient renforcées les opérations de recherche et de sauvetage, et que soit garantie la justice pour les victimes et leurs familles".

Parmi "les pratiques qui affectent directement le droit à la vie" des migrants, Caminando Fronteras pointe l'utilisation d'embarcations précaires, des départs dans des conditions météorologiques défavorables, le manque d'eau et de nourriture, et des équipements de navigation insuffisants.

Un afflux migratoire record dans l'archipel des Canaries

L'Espagne est l'une des trois principales portes d'entrée de l'immigration en Europe, avec l'Italie et la Grèce. Selon les autorités, des milliers de personnes sont mortes ces dernières années en tentant de rejoindre l'Europe par la route de l'Atlantique depuis l'Afrique, principalement via les Canaries. La grande majorité des victimes recensées par Caminando Fronteras (9 757) l'ont été sur cette route. Mais les fréquents naufrages n'empêchent pas cet itinéraire, moins surveillé que la route méditerranéenne, d'attirer de plus en plus de candidats à l'asile.

D'après les données du ministère de l'Intérieur, 60 216 migrants ont accosté dans cet archipel espagnol entre janvier et la mi-décembre 2024, contre 52 591 sur l'ensemble de l'année 2023, soit une hausse de 14,5%.

Le sujet de l'immigration gagne ainsi en importance dans le débat politique espagnol, jusqu'à s'immiscer dans le traditionnel discours de Noël du roi Felipe VI d'Espagne. "La manière dont nous serons capables d'aborder l'immigration – qui nécessite également une bonne coordination avec nos partenaires européens, ainsi qu'avec les pays d'origine et de transit – en dira long à l'avenir sur nos principes et la qualité de notre démocratie", a déclaré le monarque.

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