Crise migratoire : "On a une augmentation des tentatives de passage à travers les Alpes", explique l'Office français de l'immigration et de l'intégration
"On a une augmentation des tentatives de passage à travers les Alpes", a indiqué Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, vendredi 5 mai sur franceinfo, alors que des tensions sont apparues ces derniers jours entre la France et l'Italie au sujet de la gestion des flux migratoires. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a critiqué la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, "incapable", selon lui, "de régler les problèmes migratoires" de son pays. En réaction, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a annulé sa visite prévue en France.
franceinfo : Pourquoi existe-t-il des tensions entre la France et l'Italie ?
Didier Leschi : Il y a près de 40 000 personnes qui ont débarqué en Italie depuis le début de l'année 2023. Les nationalités qui arrivent en Italie sont pour près de la moitié d'entre elles, des nationalités qui ont un rapport avec l'espace historique francophone des Subsahariens. La première nationalité, ce sont les Ivoiriens et il y a aussi des Guinéens et des Maliens. Ces personnes sont peu enregistrées pour une partie d'entre elles et donc se dirigent immédiatement vers la France.
Or, l'ensemble du mécanisme européen suppose d'abord qu'il y ait un enregistrement dans le premier pays et qu'après, il y ait une discussion entre les différents pays, en particulier avec la France, et pour ceux qui relèvent vraiment d'un besoin de protection au sens de la Convention de Genève, qu'il y ait une répartition. C'est ce qui était en train d'être discuté, avec un plan de relocalisation de plusieurs centaines de personnes à partir de l'Italie qui devait être engagé ces prochaines semaines.
Avez-vous des chiffres sur le nombre de tentatives d'entrée sur le territoire français ?
On a une poussée globale sur toute l'Union européenne puisque depuis le début de l'année, c'est plus de 300 000 personnes qui ont demandé ou déposé une demande d'asile dans l'Union européenne. Plus de 30% par rapport à 2022. Les premières nationalités, ce sont toujours les Syriens, les Afghans. On a une très forte poussée de Turcs aussi, les Vénézuéliens ou les Colombiens vont plutôt vers l'Espagne.
En Italie il y a un flux particulier qui ne concerne pas d'une certaine manière l'ensemble de l'UE, au sens où ce ne sont pas des nationalités qui ont des communautés dans toute l'Union européenne, mais qui concernent principalement l'Italie et la France. C'est pour ça que les tensions entre les deux pays sont fortes. On a une augmentation des tentatives de passage à travers les Alpes parce que justement, ce sont pour beaucoup d'entre elles des nationalités où on parle le français.
Que faut-il faire pour réformer le système ?
ll y a urgence à organiser mieux la répartition de la charge de l'asile dans l'ensemble de l'Union, qui pèse sur l'Italie, la France, l'Allemagne, l'Espagne ou l'Autriche.
"Depuis très longtemps, on a une dizaine de pays où se concentre la demande d'asile par rapport à l'ensemble de l'UE, pour des raisons culturelles et historiques. Les pays de l'est de l'Europe voient peu de personnes venant du sud du monde."
Didier Leschi, directeur général de l'Ofiisur franceinfo
Cette répartition est importante parce qu'il s'agit de personnes qui ont besoin de protection pour beaucoup d'entre elles. Mais la difficulté en Italie, c'est le faible taux de personnes qui relèvent de la convention de Genève. C'est pour ça que je faisais la comparaison avec les premières nationalités qui rentrent en Europe qui sont les Syriens, les Afghans, les Turcs. Les Ivoiriens, c'est la première nationalité qui débarque en Italie.
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