"On est beaucoup ici, moi aussi je suis tombé malade" : 1 500 migrants à la merci du coronavirus ont été évacués d'un campement à Aubervilliers
Le campement de migrants, l'un des plus grands autour de Paris, a été évacué mercredi matin par près de 450 policiers et militaires. Plusieurs milliers de personnes y vivent dans des conditions insalubres et à la merci du coronavirus.
Des tentes, des cabanes faites de carton et de tôle le long du canal, près d'une cimenterie à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Dans ce campement de migrants, l'un des plus grands autour de Paris, qui n'a cessé de s'agrandir depuis le déconfinement, tout est en train d'être ramassé à la pelleteuse après que plus de 1 500 personnes ont été évacuées mercredi 29 juillet au matin, encadrées par près de 450 policiers et militaires.
Abdou, un Soudanais, patiente dans la file indienne pour monter dans un car, un masque blanc sur le visage. Assis, l'air fatigué, il dit que le Covid lui fait peur. "On est nombreux, on est beaucoup ici. Moi aussi je suis tombé malade, j'ai vomi", raconte-t-il.
Je ne sais pas ce que c'est. Depuis hier, avant hier, je ne me sens pas bien, j'ai mal à la tête.
Abdouà franceinfo
Abdou se plaint d'avoir de la fièvre mais tous les cas suspects sont pris en charge, assure le préfet de Seine-Saint-Denis, Jean-François Leclerc. "À l'entrée des cars, lorsque les personnes étaient objectivement en état de prostration, de difficulté ou qu'elles étaient fébriles, il y avait des équipes médicales qui étaient chargées de les mettre à part", explique le préfet. "C'est ainsi que nous avons mis à l'abri des personnes qui présentaient des symptômes évocateurs", souligne-t-il.
Des tests PCR pratiqués sous deux jours
Avant de monter dans les bus, les migrants sont collés les uns aux autres. Mais "dès lors qu'ils sont entrés sous notre responsabilité, dès lors qu'ils sont rentrés dans la file et dans les cars, vous avez pu noter qu'ils étaient masqués et qu'à l'intérieur des cars on respecte les gestes barrières, de même qu'à l'intérieur des lieux d'hébergement", souligne Jean-François Leclerc. Des tests PCR, organisés par l'Agence régionale de santé, seront par ailleurs pratiqués sur certains migrants une fois installés dans les gymnases répartis en Ile-de-France. Ce sera sous deux jours, annonce le préfet de Saine-Saint-Denis.
Des migrants venus d'autres campements se greffent à l'évacuation. Le problème, souligne Sandy, de l'association Wilson, c'est que l'hébergement n'est jamais pérenne. "Le souci c'est qu'après ils vont juste être déplacés, explique-t-elle. Ils vont être de plus en plus loin de Paris et ça va être de plus en plus compliqué pour faire des démarches administratives, essayer de trouver un travail, essayer de s'intégrer."
Les camps se remontent. Et puis c'est l'éternel ping-pong entre Porte de la Chapelle, ici, Saint-Denis, avenue Wilson. On trimballe juste les gens d'un point à l'autre.
Sandy, de l'association Wilsonà franceinfo
Le campement évacué, 1 300 personnes passeront les jours qui suivent dans des gymnases d'Ile-de-France. Mais beaucoup de bénévoles l'assurent : dans quelques semaines, dans quelques mois, il y aura de nouveau un campement ici, à Aubervilliers, ou un peu plus loin, mais ils reviendront.
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