Principe de fraternité avec les migrants : Cédric Herrou salue une victoire "pour la France et pour la République française"
Le Conseil constitutionnel a affirmé vendredi 6 juillet qu'une aide désintéressée au "séjour irrégulier" ne saurait être passible de poursuites, au nom du "principe de fraternité". Une décision qui répond à une demande de Cédric Herrou, un agriculteur devenu le symbole de l'aide aux migrants à la frontière franco-italienne.
Le militant Cédric Herrou s'est félicité vendredi 6 juillet sur franceinfo de la décision du Conseil constitutionnel de consacrer le principe de fraternité pour que les aides désintéressées aux migrants ne soient pas passibles de poursuites. Selon lui, c'est une victoire "pour la France et pour la République française".
Cédric Herrou a critiqué également la réaction du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb qui s'est félicité de cette décision. "Il est un peu schizophrène. (...) Il y a un moment où il fait une loi qui est ignoble, qui permet d'enfermer des gamins. Il nous traite, nous, militants, l'Aquarius, etc, de passeurs, et maintenant il se félicite. Ce n'est pas cohérent".
franceinfo : La décision du Conseil constitutionnel est-elle une victoire pour vous ?
Cédric Herrou : Pas que pour moi, pour la France et pour la République française. Qu'on rappelle un peu les fondamentaux de ce qu'est la France. La France n'appartient pas aux extrêmes, à la droite, à l'extrême droite ni même à la gauche, il y a une devise qui est "Liberté, Egalité, Fraternité" et la notion de fraternité dans ce défi migratoire, c'est important de le relever. Ce n'est pas une possibilité d'être fraternel, c'est une devise. Donc il faudrait que Monsieur Macron prenne un deuxième cours de fraternité et qu'à un moment, quand les Français refusent d'accueillir les bateaux de personnes qui étaient à la limite de la noyade (...) que c'est une obligation de respecter notre devise nationale, qui est "Liberté, Egalité, Fraternité" et qu'Emmanuel Macron se doit d'être fraternel envers les personnes qui sont migrantes. Le passage de frontière restera illégal. Il y aura une notion de proportionnalité entre le fait de passer des personnes en situation irrégulière à une frontière et le fait d'assister des personnes en danger, ou de protéger des mineurs isolés.
Que pensez-vous de la réaction de Gérard Collomb qui se félicite de cette décision ?
Il est un peu schizophrène, non ? C'est symptomatique de la schizophrénie quoi. Il y a un moment où il fait une loi qui est ignoble, qui permet d'enfermer des gamins. Il nous traite, nous, militants, l'Aquarius, etc, de passeurs, et maintenant il se félicite. Ce n'est pas cohérent. On dirait un surfeur sur une vague et qui change de vague, donc à un moment il faudrait qu'il soit un peu plus cohérent dans ses actes et ses actions. Et il y a une problématique qui est bien réelle de la migration, et c'est un peu leur rôle de faire une vraie politique migratoire, de savoir dire comment on aborde cette problématique pour que dans 10 ans, dans 15 ans, on se dise "bah tiens ça a été une réussite". C'est un peu son rôle. Et là son rôle c'est quoi ? C'est de donner l'ordre au préfet des Alpes-Maritimes de renvoyer des gamins en Italie, c'est de donner l'ordre de faire entrave à la demande d'asile à la frontière franco-italienne, et de donner l'ordre à Calais de mettre des lacrymogènes dans les tentes, et de voler des sacs de couchage. La notion de fraternité, il s'en félicite là ? Je ne crois pas. Il y a un moment où il faudrait qu'il soit un peu plus franc dans ce qu'il a envie de faire et un peu plus crédible je pense parce que là il se décrédibilise complètement.
Est-ce que cette fraternité va changer quelque chose à la frontière ? Est-ce suffisant selon vous ?
Il y a une réalité où, à la frontière franco-italienne, les gens passent de toute manière. Donc pourquoi ne pas encadrer mieux, pourquoi ne pas donner l'accès à la demande d'asile pour savoir qui rentre sur le territoire ? Parce que clairement, c'est autour de mon domicile que sont faites les demandes d'asile (...), c'est fou mais c'est comme ça. On régularise les personnes qui sont en situation irrégulière. Et là en ce moment-même on a 50 gendarmes qui sont autour de mon domicile, qui contrôlent tous les passages, qui font la course aux noirs toutes les nuits, toute la journée, pour éviter que ces personnes se déclarent en tant que demandeurs d'asile, et c'est ça qui est grave. C'est qu'il y a des conséquences directes où l'État français est en train de fabriquer des personnes clandestines et en situation irrégulière. Donnons accès à la demande d'asile pour encadrer les choses et que ce soit bien fait.
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