STX France, ligne TGV Lyon-Turin et crise migratoire : il y a "un manque de dialogue" avec l'Italie
Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, a fait le point vendredi sur les relations franco-italiennes qui se délitent, après, notamment, la nationalisation des chantiers navals de Saint-Nazaire.
La liste des camouflets infligés à l'Italie commence à s'allonger. Premièrement, les Italiens ne comprennent pas la nationalisation temporaire pour empêcher le groupe italien Fincantieri de prendre le contrôle de STX France. Ensuite, la ligne ferroviaire Lyon-Turin est aujourd'hui à l'arrêt alors que le projet est cher aux Italiens. Enfin, la crise migratoire, que l'Italie estime gérer quasiment toute seule, commence à tendre les relations entre les États membres de l'Union européenne.
Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, a regretté vendredi 28 juillet sur franceinfo "le manque de dialogue avec l'Italie" et appelle au rétablissement des liens entre Rome et Paris.
franceinfo : L'Italie est-elle la mal-aimée de l'Union européenne ?
Jean-Dominique Giuliani : Cela donne une impression assez juste de l'état de la relation des États membres de l'Union européenne. Il y a un manque de dialogue, un manque de confiance. La mesure de nationalisation qui est transitoire rassure tout le monde en France mais inquiète en Italie et au-delà en Europe. Il y a des intérêts stratégiques, il y a de l'inquiétude des salariés mais il y a aussi la question plus importante des consolidations industrielles en Europe au moment où l'on parle de l'Europe de la défense. C'est essentiel. On peut froisser les opinions publiques mais aussi les intérêts des États en ne dialoguant pas suffisamment en amont. Il est évident à terme qu'il faudra un grand groupe de chantiers européens de construction navale qui respectent les intérêts des autres.
L'Italie a-t-elle raison de montrer son mécontentement sur la gestion de la crise migratoire ?
J'espère qu'on va trouver quelques États membres qui vont être solidaires de Rome, sur le plan financier mais aussi sur le plan matériel et physique. L'initiative du président de la République montre qu'en France, on a pris conscience qu'on ne peut pas laisser les Italiens tout seuls. Puisque le ministre de l'Économie se rend à Rome, je souhaite qu'on établisse un dialogue franc, courtois et amical comme il doit l'être entre la France et l'Italie pour aider l'Europe à prendre en charge collectivement une question qui nous concerne tous.
L'Italie a-t-elle pas du mal à trouver sa place au milieu du couple franco-allemand ?
C'est vrai qu'elle a ses propres difficultés, ses propres caractéristiques. Du côté français, on a tendance à négliger ce grand partenaire italien. Il va falloir remettre ça à plat. J'ai l'impression que le président de la République a remis cela à l'ordre du jour. Je m'en réjouis parce qu'on ne peut rester dans cette situation. C'est valable avec d'autres États membres.
L'Italie pèse-t-elle moins parce que son économie pèse moins ?
Non. Elle a ses propres spécificités. Elle est très maritime, très au sud. C'est une grande économie contrairement à ce qu'on peut penser de temps en temps en France. Les liens entre la France et l'Italie, capitalistiques et commerciaux, sont très importants, qu'ils soient rétablis et j'espère que ça sera le cas.
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