Turquie, départs forcés
Istanbul accueille, officiellement, au moins 500 000 réfugiés syriens. Et en réalité, sans doute beaucoup plus. Selon plusieurs témoignages, la Turquie expulse certains de ces réfugiés vers la Syrie. Ce pays, et cette guerre, qu'ils voulaient fuir. Reportage de Ludovic de Foucaud et Shona Bhattacharyya.
Au sous-sol de cette maison à Istanbul, une mère et ses enfants sont livrés à eux-mêmes.
Rama a 21 ans, elle est enceinte pour la quatrième fois. Et elle est sans ressources,
depuis que son mari a été expulsé le mois dernier.
"C'est très difficile depuis qu'il est parti.
Quand il était ici, il travaillait, et on avait de l'argent pour s'acheter à manger,
on n'avait besoin de personne.
Maintenant, on ne peut même pas s'acheter du pain."
Au moins 500 000 Syriens, peut-être le double, vivraient à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, pour des raisons économiques.
Depuis plusieurs semaines, de nombreux syriens ont été reconduits à la frontière.
Le gouvernement turc assure que seuls les Syriens en situation irrégulière sont expulsés.
En réalité, ils auraient pourraient avoir été contraints de signer des attestations de départ volontaire. C'est ce qu'explique, par téléphone, Haissam, le mari de Rama :
"Certains ont signé, d'autres non, mais tous ont été renvoyés en Syrie.
Si on ne signait pas, ils signaient à notre place."
Aujourd'hui, Haissam vit dans un camp près d'Idleb. Sa femme, Rama, veut le retrouver. Comme un retour à la case départ : il y a 5 ans, cette famille fuyait la guerre. Bientôt, elle pourrait devoir la revivre.
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