: Vidéo Calais : le témoignage d'une commerçante condamnée pour avoir fait passer des clandestins
Qui sont ces Français qui acceptent de transporter des migrants de France jusqu’en Angleterre ? Une commerçante, mère de famille, raconte sa mésaventure.
Des Français ont été interpellés ces dernières années pour avoir profité de la détresse des migrants. Des chômeurs et des commerçants de la région de Calais (Pas-de-Calais) étaient devenus des passeurs de migrants entre la France et le Royaume-Uni pour quelques milliers d'euros. Qui sont ces ressortissants français, souvent privés d’emploi ou précaires, qui acceptent de transporter des migrants jusqu’en Angleterre ? France 2 a mené l'enquête.
À Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), une commerçante, mère de famille, condamnée pour avoir passé des migrants en Angleterre, raconte sa mésaventure. Deux Albanais avaient sollicité son aide pour faire traverser des migrants, albanais eux aussi, dans la camionnette qu'elle possédait avec son mari. "Ils nous disaient toujours que l'on ne risquait. Les femmes, comme mères de famille, il ne peut rien nous arriver", confie-t-elle. Les clandestins payaient de 6 000 à 8 000 euros aux passeurs albanais. Sur cette somme, 2 000 euros revenaient au couple de commerçants boulonnais. Les clandestins se cachaient dans la camionnette, derrière des piles de cagettes. "J'étais paniquée, toujours la peur", dit-elle. Les douaniers anglais ont fini par découvrir le trafic en mars 2015, à la sortie du tunnel sous la Manche. Au final, elle a été condamnée à douze mois de prison avec sursis et 3 000 euros d'amende, comme son mari.
"Une infraction pénale sévèrement réprimée par la justice"
Emmanuelle Osmont, avocate à Boulogne-sur-Mer, a parmi ses clients certains passeurs français de migrants. Devant la caméra de France 2, elle lance un appel et dit défendre de plus en plus fréquemment des étudiants dans le besoin et des "commerçants qui ont pignon sur rue et qui se trouvent en difficulté financière suite à la crise économique. Il y a finalement une infiltration des réseaux mafieux dans l'économie locale". Emmanuelle Osmont rappelle que cette "infraction pénale est sévèrement réprimée par la justice. Lorsque vous transportez des personnes en situation irrégulière, vous travaillez pour le compte d'une organisation mafieuse", conclut-elle.
La question des migrants en Europe est actuellement en discussion à la Commission européenne. Cette dernière a demandé, mercredi 27 mai, aux États membres de l'Union de prendre en charge, sous deux ans, 40 000 demandeurs d'asile syriens et érythréens qui se trouvent actuellement en Italie et en Grèce, et les a appelés à accueillir dans le même délai 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies. Ces mesures doivent désormais être approuvées par les Vingt-Huit, plutôt réticents.
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