Les migrants secourus par le navire "Ocean Viking" ont dérivé 48 heures et sont "dans un état d'extrême fatigue"
Les rescapés ont été accueillis sur l'Ocean Viking, le navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, une semaine après son départ de Marseille.
"L’Ocean Viking continue ses patrouilles en Méditerranée centrale parce que d’autres embarcations peuvent être en détresse", a indiqué sur franceinfo dimanche 11 août Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée. Une semaine après avoir quitté le port de Marseille, l'Ocean Viking, le nouveau bateau affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, a porté secours à 170 migrants en moins de 24 heures. "On a des personnes qui ont dérivé pendant 48 heures pour la première embarcation et qui sont dans un état d’extrême fatigue", rapporte Frédéric Penard. "Ensuite se posera la question du débarquement", a-t-il ajouté.
franceinfo : Dans quel état de santé se trouvent les migrants que vous avez secourus ?
Frédéric Penard : On a fait deux opérations de sauvetage. Vendredi, [on a secouru] à plus de 100 km des côtes libyennes, une première embarcation en détresse avec plus de 85 personnes à bord de différentes nationalités, des femmes et des enfants dont un d’un an. Et puis [samedi] matin, dans les eaux internationales, au large des côtes libyennes, [on a fait] un nouveau sauvetage de 85 personnes de différentes nationalités d’Afrique de l’Ouest. On n’a pas d’urgence médicale. On a des personnes qui ont dérivé pendant 48 heures pour la première embarcation et qui sont dans un état d’extrême fatigue. Sur l’opération d’hier, on a recensé quasiment un tiers de mineurs.
Espérez-vous accoster le plus rapidement possible et où ?
Pour le moment, l’Ocean Viking continue ses patrouilles en Méditerranée centrale parce que d’autres embarcations peuvent être en détresse. Ensuite se posera la question du débarquement pour lequel on a commencé les contacts avec les autorités maritimes, et en premier lieu les autorités maritimes libyennes qui coordonnent les sauvetages dans cette zone.
C’est très difficile pour les navires humanitaires d’avoir accès [aux eaux territoriales], on l’a vu avec ce refus d’accès aux eaux territoriales maltaises en début de semaine pour ravitailler le navire. Le navire a des réserves de carburant. Aujourd’hui, ce que l’on sait c’est que les conventions maritimes obligent les États côtiers à coopérer pour trouver une solution de débarquement.
L’Italie a adopté cette semaine un décret qui menace d'une amende jusqu'à un million d’euros les bateaux humanitaires qui entrent dans ses eaux territoriales sans autorisation. Est-ce décourageant ?
Ce n’est pas décourageant, c’est inquiétant simplement de voir l’approche qui est prise par les États européens pour faire face à ce contexte en Méditerranée centrale. Aujourd’hui, ce n’est pas en termes de risques qu’on voit les choses, simplement parce que nous suivons toujours les indications des autorités maritimes et que nous n’allons pas entrer dans des eaux territoriales sans y être invités.
C'est quelque chose qui met plus de pression, qui est un peu inquiétant.
Frédéric Penardà franceinfo
Comme l’ensemble des pays de l’Union européenne, la France doit jouer un rôle moteur pour faire en sorte qu’un système durable soit mis en place pour organiser au plus vite le débarquement des personnes rescapées en Méditerranée centrale. C’est quelque chose d’absolument urgent. Il faut que les États de l’Union européenne fassent preuve de solidarité.
Sur qui pouvez-vous compter aujourd'hui ?
Nous bénéficions d’un soutien très important des citoyens : c’est grâce aux citoyens que SOS Méditerranée a pu affréter l’Aquarius en son temps et aujourd’hui l’Ocean Viking qui coûte 14 000 euros par jour. Ce soutien est absolument essentiel pour pouvoir continuer plusieurs semaines, plusieurs mois. Avec l’Aquarius, nous avions secouru 29 523 personnes en deux ans et demi. Désormais avec l’Ocean Viking on peut ajouter ces 170 personnes secourues en deux opérations.
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