Livraison des Mistral à la Russie : la partie de poker menteur continue
Les conditions nécessaires à leur livraison ne sont pas réunies, assure le gouvernement. Par la voix d'une source "haut placée" restée anonyme, la Russie lance un ultimatum à Paris.
Livrera, livrera pas ? Le sort des deux porte-hélicoptères Mistral achetés par la Russie à la France fait l'objet de tractations au gré des évolutions de la situation dans l'est de l'Ukraine. Les conditions nécessaires à une livraison ne sont pas réunies aujourd'hui, a rétorqué la France, jeudi 30 octobre, par la voix de son ministre des Finances, Michel Sapin. Vendredi 14 novembre, la Russie, par la voix d'une source "haut placée" restée anonyme, laisse jusqu'à la fin novembre à Paris pour honorer le contrat.
Francetv info revient sur les derniers épisodes de ce poker menteur autour d'un contrat à 1,2 milliard d'euros conclu en juin 2011.
18 septembre : "Nous n'en sommes pas là", dit Hollande
"Pour les Mistral, qui devaient être livrés à la fin du mois d'octobre, j'ai dit que dans les circonstances actuelles, ce n'était pas possible, mais si le cessez-le-feu est respecté, si le processus de règlement est achevé, alors ils pourront être livrés et le contrat exécuté." Lors de sa conférence de presse, le 18 septembre, François Hollande avait été clair : "Nous n'en sommes pas là."
Mais… les essais continuent. Cinq jours plus tard, dans la nuit du 23 septembre, le Vladivostok, premier des deux navires de guerre, reprend la mer au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour une deuxième série d'essais prévus dans le cadre du contrat. A son bord, 200 des 400 marins russes destinés à constituer les équipages des porte-hélicoptères commandés par Moscou et qui ont commencé leur formation début juillet. Il reste au port des chantiers après dix jours de navigation en mer, comme prévu.
9 octobre : Moscou s'impatiente
"La situation est simple : il y a des contrats qu'il faut remplir." Trêve de négociation, le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch, tape du poing sur la table : "Si la partie française a de nouvelles variantes, il faut en parler et ne pas utiliser la méthode du mégaphone diplomatique." Il menace même : "La France doit se décider. Ou rendre l'argent."
28 octobre : "François Hollande réfléchit"
"Le président de la République rendra sa décision courant du mois de novembre, qui est la date prévue", assure l'entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de l'inauguration d'Euronaval, grand salon du naval de défense, au Bourget.
30 octobre : "Les conditions ne sont pas réunies"
"Aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies" pour une telle livraison, tranche le ministre des Finances, Michel Sapin sur RTL.
Et le ministre, proche du chef de l'Etat, d'expliquer la position de la France sur ce dossier : "Les conditions, c'est quoi ? C'est qu'en Ukraine, nous soyons dans un dispositif qui va vers la normale, qui permette de détendre les choses, qui fasse que la Russie joue un rôle positif."
"D'un certain niveau ça va mieux, d'autres points de vue il y a encore des inquiétudes, donc aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies", martelle le ministre.
14 novembre : l'ultimatum de la Russie
Le compte à rebours a commencé. La France a jusqu'à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à Moscou, déclare une source russe "haut placée", citée par l'agence Ria Novosti.
En cas de refus, la Russie se préparerait "à différents scénarios". "Nous attendrons jusqu'à la fin du mois, et ensuite nous présenterons nos sérieuses réclamations" financières, prévient la source anonyme. Des experts examineraient le montant possible du préjudice dû à la non-exécution du contrat.
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