Pour le reporter Patrick Robert : «Les journalistes sont devenus des cibles»
Patrick Robert a commencé à travailler à vingt ans. Il en a aujourd'hui cinquante-cinq. Une carrière de photographe indépendant émaillée d'images fortes, parfois insoutenables (le génocide au Rwanda, les camps de concentration en Bosnie) et de blessures.
La plus grave remonte à 2003 lorsque Patrick Robert couvrait la guerre civile au Libéria. A Montrovia, un tir de Kalashnikov emporte un rein et une partie de son intestin. Mais pour lui, ces blessures qui font partie des risques du métier sont moins graves que le risque d'enlèvement qui pèse désormais sur les reporters de guerre, notamment dans les conflits impliquant des djihadistes.
Autre changement pour Patrick Robert, la pression économique qui pèse sur les rédactions et qui modifie en profondeur la façon dont les médias choisissent ou pas de couvrir un conflit.
Récompensé par deux Visas d'Or au festival de photojournalisme Visa pour l'Image à Perpignan, Patrick Robert n'est pas un habitué du prix Bayeux. Venu pour faire part de son expérience devant les lycéens, il reconnaît l'importance d'un rendez-vous comme celui-là pour que le public comprenne les rouages du métier.
Malgré les risques et les mutations profondes du métier, Patrick Robert affirme avoir gardé «la même innocence par rapport aux évènements». Ces années sur le terrain lui font faire ce constat : «Les gens qui font les pires crimes le font rarement par pure méchanceté et toujours avec de très bonnes intentions. Malheureusement, les meilleures intentions mènent souvent à l'enfer.»
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