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"Pour moi, mon avenir est menacé" : la préférence indigène en Suisse inquiète les travailleurs frontaliers

Côté français, les travailleurs frontaliers redoutent la mise en application d'une mesure votée en 2014 par la Suisse visant à privilégier l'embauche de travailleurs locaux dans certains secteurs.

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Près de 172 000 Français traversent chaque jour la frontière avec la Suisse pour leur travail. Ils sont près de la moitié rien qu'à Genève. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Il est presque 8h30. À 200 mètres du poste de douane entre la France et la Suisse, plusieurs personnes font la queue devant l'agence Pôle emploi de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie). Comme Julie, la plupart est en recherche d'un emploi côté helvète. "Dans cette région, tout est très cher. Pour pouvoir se loger, manger, on n’a pas vraiment d'autre choix que de chercher du travail en Suisse", explique cette trentenaire qui élève seule ses deux enfants.

Pour Julie, l'entrée en vigueur dimanche 1er juillet de la préférence indigène en Suisse "n'est pas une bonne nouvelle". Le fait que les entreprises suisses puissent privilégier l'embauche de travailleurs locaux dans les secteurs où le chômage est supérieur à 8%, dans un premier temps, puis 5% à partir de 2020, inquiète.

Peut-être que l’on partira d’ici, parce que c’est vraiment trop cher.

Jeanine

à franceinfo

Jeanine partage le même discours que Julie et va même plus loin, car elle ne sait pas si elle va rester vivre dans la région. "Pour moi, mon avenir est menacé", explique-t-elle, car "ce n'est pas possible" économiquement de vivre dans cette région.

Plus de 170 000 Français traversent la frontière quotidiennement

Il faut revenir en 2014 pour comprendre la nouvelle loi. Les Suisses votent alors pour l’introduction de quotas de travailleurs étrangers. Avec la préférence indigène, le gouvernement helvète tente de ménager l’opinion publique sans trop se brouiller avec l’Union européenne et la France notamment, car près de 172 000 Français traversent chaque jour la frontière pour leur travail. Ils sont près de la moitié rien qu'à Genève.

Si "c'est un moindre mal" pour le maire MoDem de Saint-Julien-en-Genevois, Antoine Vielliard estime que "cela reste contraire aux accords de libre circulation". L'élu indique qu'"il y a un moment où la Suisse va devoir choisir. Soit elle veut l'accès au marché européen, soit elle veut discriminer".

Le secrétariat d’État à l’Économie suisse assure que la préférence indigène ne discrimine pas les frontaliers. Ces derniers peuvent toujours s’inscrire dans les Offices régionaux de placement pour bénéficier des mêmes avantages que les chômeurs suisses.

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