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Roberto Saviano préfère s'exiler pour échapper à la Camorra

L'auteur de Gomorra, menacé de mort par la mafia napolitaine, a annoncé son intention de quitter le sol italien. Il vit sous surveillance policière depuis deux ans. Les menaces se faisaient, ces derniers temps, de plus en plus précises...
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Il préfère prendre l'air. S'exiler. “Que le succès aille se faire voir ailleurs. Je veux une vie, je veux une maison. Je veux tomber amoureux et boire une bière en public. Je veux prendre le soleil, marcher sous la pluie et rencontrer sans peur ma mère. Je veux rire et non parler de moi comme si j'étais un malade en phase terminale”.
_ Ainsi s'explique Roberto Saviano, condamné à mort par la Camorra depuis que, dans son essai Gomorra, il détaille par le menu les agissements de la mafia napolitaine.

Dans une longue lettre, parue ce matin dans le quotidien italien la Repubblica, il se confie largement ; inquiété, sans doute, par les confidences de ce repenti, parues hier dans la presse italienne, qui expliquait qu'un attentat spectaculaire était en préparation, et que Saviano serait mort d'ici Noël. Depuis, le repenti s'est rétracté, mais le mal est fait.

Ce sont ces dernières menaces qui l'ont conduit à prendre sa décision. “Je quitterai l'Italie, au moins pour un certain temps, ensuite on verra.”

Ce départ forcé fait en tout cas vivement réagir dans la péninsule. Antonio Tabucchi, le célèbre écrivain, estime que la mafia a “la mainmise sur l'Italie”.
_ “C'est un scandale pour l'Italie”, s'emporte Wlodek Goldkorn, le chef du service culturel de l'hebdomadaire L'Espresso. “Salman Rushdie était menacé de l'étranger pas de l'intérieur. Gomorra est une victoire du courage et de la culture contre la mafia mais ce départ est une défaite de l'Etat”.

La lettre où Roberto Saviano explique sa décision, à lire sur le blog de notre correspondant en Italie, Eric Valmir (voir ci-dessous)

Guillaume Gaven, avec agences

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