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Roms, ils choisissent la Suède

L'arrivée massive de Roms est un véritable défi pour la classe politique scandinave. Et du pain béni pour l'extrême droite. Ce parti a obtenu 10,5% des suffrages lors des législatives remportées par l'opposition de gauche, le 14 septembre 2014. Un scrutin historique pour les Démocrates de Suède (extrême-droite) qui deviennent le troisième parti politique.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Arrivée de Roms en provenance de Hongrie, à l'aéroport Sturup, à Malmö, en Suède, le 16 novembre 2006. (AFP/Stig-Ake Johnsson)

En quelques mois, les Suédois ont vu débarquer des milliers de Roms. Ils seraient aujourd'hui 4000. On en trouve à chaque coin de rue à Stokholm et le phénomène ne concerne pas seulement les grandes villes comme Göteborg ou Malmö. Ils se sont installés jusqu'à proximité du cercle polaire. Dans tout le pays. A leur vue, les Suédois éprouvent de la gêne : «Nous n'avons pas l'habitude de voir des mendiants. Il y a toujours eu quelques clochards et des SDF, mais des pauvres en si grand nombre c'est une première», explique Lotta Edholm, maire adjointe de Stockholm, à l'Express.

Pour ces personnes, majoritairement originaires de Roumanie, la Suède, c'est l'eldorado. Un exil doré. Après l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche, ils pensent avoir trouvé le bonheur dans ce pays scandinave où, comme le dit Florina, «ici, contrairement à la Roumanie, les gens ne nous crachent pas dessus, beaucoup ont pitié de notre sort et nous donnent argent, vêtements et nourriture. Même les associations nous aident.»

Leur arrivée remonte à 2008. Quelques uns, partis en éclaireurs, ont découvert que les Scandinaves donnaient facilement de l'argent. La nouvelle s'est vite répandue. En 2014, la communauté rom y est omniprésente. Ce qui explique peut-être la poussée de l'extrême-droite, qui vient d'obtenir une quarantaine de sièges au Riksdag (parlement) sur 341.

Une affiche électorale de Jimmie Aakesson, leader des Démocrates de Suède, à Stockholm, le 12 septembre 2014. (AFP/Jonathan Nackstrand)

Pendant la campagne des Européennes en mai 2014, les Démocrates de Suède ont exploité cet afflux massif à l'aide d'une campagne anti-Roms : «Stop à la mendicité organisée.» Car cette présence massive de mendiants met à mal le «modèle scandinave». Pour l'historien Henrik Berggren, «la grande fierté du système de l'Etat providence a toujours été son universalisme. Les habitants de ce pays se sont organisés afin d'éliminer la pauvreté, de sorte que personne n'ait besoin de s'abaisser à quémander des aides soicales et encore moins à mendier.»

Car la mendicité est en contradiction évidente avec l'éthique protestante du travail. Il n'existe pas de loi antimendicité en Suède, contrairement à la Norvège. Bo Rothstein, professeur de sciences politiques, propose une modification conforme au mode de pensée suédoise : ne pas interdire la mendicité mais la charité. Ainsi il explique : «Au même titre que notre pays interdit l'achat de services sexuels en pénalisant les clients des prostitutées, l'on devrait pénaliser les gens qui s'achètent une bonne conscience au détriment d'autres êtres humains. L'aide aux plus faibles devrait passer par les ONG ou la Croix-Rouge. On éviterait ainsi l'humiliation en place publique. Et cela obligerait le gouvernement à prendre ses responsabilités.»

La «question rom» est au cœur de toutes les conversations en Suède. Les partis politiques, désemparés, hésitent à prendre position. Les Roms continuent d'affluer et les Suédois commencent à se lasser. Ils donnent de moins en moins.

Mais pour les intéressés qui, tous les trois mois, retournent en Roumanie (une façon d'être en conformité avec les règles de circulation dans l'UE), la question est tranchée. La Suède, disent-ils, «il n'y a pas mieux en ce moment».

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