Soirée de Palmarès à Bayeux : ne rien lâcher
Le souvenir de Gilles Jacquier a encore une fois plané sur le Grand Prix Bayeux des reporters de guerre. Après avoir participé au dévoilement de la stèle à la mémoire des reporters disparus en 2011 et 2012, Guilaine Chenu et Françoise Joly, responsables d'Envoyé Spécial de France 2 sont montée sur la scène du palmarès pour rappeler au public et aux journalistes présents qui était leur confrère, membre de l'équipe du magazine. «Il ne supportait pas les trous noirs, les zones d'où ne sortaient aucune image», ont-elles expliqué.
Javier Espinosa, primé pour son reportage sur la Syrie dans le quotidien espagnol El Mundo, lance un appel en ce sens : «Je parle aux responsables des médias. Il faut envoyer des journalistes. 95% de ceux qui se trouvent actuellement en Syrie sont free lance. Ils travaillent dans des conditions difficiles, avec peu de moyen. C'est votre devoir d'envoyer vos journalistes, il faut faire savoir ce qui se passe. On ne peut pas laisser ce peuple mourir pendant des années sans le laisser s'exprimer».
Rémy Ourdain, en recevant le prix spécial Ouest-France pour un sujet dans Le Monde sur Juarez au Mexique renchérit sur le devoir des médias : «J'aime aller dans les endroits dont on parle moins. Il faut aller voir, toujours. Il faut que les médias envoient des reporters, en dehors des gros conflits, au Mexique, au Congo... Il y a des free lance remarquables, mais les médias traditionnels ne doivent pas lâcher la barre. Quels que soient les risques il faut y aller».
Ed Ou est au téléphone. En reportage au Canada, il ne peut pas recevoir son Prix du Jeune Reporter pour une série de photographies en Egypte. «Mon moteur, répond-il, est que tant qu'il y a des changements, il est essentiel de continuer à suivre ce qui s'y passe.»
Le Grand Prix Bayeux a donné la parole aux grands reporters. Il a aussi tenu à rendre hommage au cours de cette soirée aux blogueurs, cameramen amateurs qui, en Syrie, continuent à transmettre des images, des informations, quand la presse internationale n'est pas là. Dans ce pays, une quarantaine de ces hommes et de ces femmes ont été tués, trente ont été emprisonnés.
Nic Robertson, primé pour son reportage télévisé en Syrie diffusé sur CNN, a fait le voyage dans la journée pour recevoir son prix du meilleur reportage court télévisé à Bayeux. Il conclut dans le même élan que le reste de la soirée : «Il faut attirer l'attention, dit-il, c'est une responsabilité, un contrat avec le téléspectateur. L'espoir, la vérité font jaillir le bon sens».
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