Cet article date de plus de treize ans.

Sommet de l'Eurogroupe : Paris fait monter la pression

L'exécutif français se veut grave à quelques heures de l'ouverture des discussions bruxelloises. Cette stratégie de culpabilisation pourrait servir à remporter le probable bras de fer à venir avec l'Allemagne.
Article rédigé par Augustin Arrivé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

"Nous vivons des jours cruciaux." En quelques mots, l'ambiance, grave, est installée. François Fillon s'exprimait ce matin devant des parlementaires UMP, mais c'est à toute la zone Euro qu'il s'adresse. "Si le sommet était un échec, cela pourrait faire basculer le continent européen vers des terres inconnues."

Il fait d'abord les gros yeux à l'Allemagne, pilier de la construction européenne, qui refuse jusque là de céder aux propositions françaises.

Et que les choses soient claires: ce n'est pas la France qui pliera. "Je rappelle que les initiatives sont françaises" , ajoute le Premier ministre.

Même dramatisation chez Valérie Pécresse. La ministre du budget prévient que l'avenir des Français se jouera avec ce sommet.

Les perspectives de croissance "ne seront pas les mêmes" s'il réussit ou s'il échoue. Un nouveau plan d'austérité est de toute façon en préparation.

Nicolas Sarkozy n'arrive pas en position de force à Bruxelles. Le budget 2012, dont la partie "recettes" vient d'être validée par l'Assemblée, est déjà critiqué, y compris dans les rangs de l'UMP. Le président français veut pourtant se présenter en trésorier responsable. "Chaque dépense doit être arbitrée, chaque demande doit être analysée" , explique-t-il encore aujourd'hui.

Sarkozy / crise

Il se montre tâtillon pour prôner la solidarité. La France refuse de laisser tomber les partenaires les plus faibles, quitte à creuser le déficit des puissants. Le pari est risqué: si la Grèce reste un cas isolé, la situation est gérable. Mais si d'autres boulets apparaissent, ce sera beaucoup plus compliqué.

Dans une première version de l'accord prévu à Bruxelles, il est ainsi indiqué que les pays membres soutiennent la Banque Centrale Européenne dans ses rachats d'obligations aux pays défaillants. Une position qui séduit Paris, mais certainement pas Berlin. Angela Merkel a immédiatement réagi : "Cette phrase ne sera pas acceptée par l'Allemagne" .

La chancelière aurait tendance à vouloir laisser tomber la Grèce, mauvaise élève européenne qui n'aurait que ce qu'elle mérite. L'Europe s'amputerait d'un bras mort pour sauver sa vie. Concrètement, cela signifie laisser à la Banque Centrale toute son indépendance, et lui confier la responsabilité de choisir l'avenir de la zone Euro.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.