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Ukraine : l'Europe brandit la menace de sanctions

C'est la journée la plus meurtrière depuis le début de la contestation en Ukraine. Mardi, les affrontements entre la police anti-émeute et les opposants au président Viktor Ianoukovitch ont fait 25 morts à Kiev, des civils et des policiers, et plus de 250 blessés. Personne ne semble prêt à reculer. Face à cette crise majeure, les Européens cherchent les moyens de rétablir le dialogue, y compris par le biais de sanctions. Fabius sera à Kiev demain, accompagné de ses homologues allemand et polonais.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Reuters)

Catherine Ashton, qui représente
la diplomatie européenne, a convoqué mercredi matin une réunion des
ambassadeurs de l'Union chargés des questions de sécurité, afin d'étudier des sanctions
contre les responsables de la répression en Ukraine, a-t-elle annoncé. "Toutes
les options seront étudiées, y compris des sanctions contre les responsables de
la répression et des violations des droits de l'Homme"
, a-t-elle indiqué
dans un communiqué.

Hollande et Merkel pour des sanctions contre les violences

"Il se produit en Ukraine des actes inqualifiables, inadmissibles, intolérables" estime, de son côté, François Hollande. Dans une conférence de presse commune avec Angela Merkel, à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand, le chef de l'Etat a condamné "la répression venant du pouvoir."   Le président français et la chancelière allemande ont parlé d'une même voix pour annoncer : "Ceux qui ont commis des actes, ceux qui se préparent à en commettre d'autres doivent savoir qu'ils seront sanctionnés."   Et tous les deux ont plaidé pour de nouvelles élections en Ukraine. 

C'est aussi l'avis du ministre
des Affaires étrangères Laurent Fabius. "Les gens qui sont responsables de ça ne
peuvent rester impunis (...) la perspective de sanctions prises au niveau de l'Union européenne, évidemment, vient immédiatement à l'esprit"
, a-t-il
déclaré. Avant d'annoncer qu'il se rendrait dès jeudi à Kiev, en compagnie de ses homologues allemand et polonais.

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D'autres pays de l'Union durcissent le ton eux aussi face à la répression qui a fait 25 morts mardi à Kiev. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a notamment estimé mercredi matin que l'Europe devait sanctionner le gouvernement ukrainien et compte bien le faire
savoir à ses partenaires. "Je vais avoir des discussions aujourd'hui avec
les principaux pays et institutions de l'UE et les persuader d'imposer des
sanctions personnelles et financières"
, a-t-il déclaré lors d'une session
extraordinaire du parlement.

Le Premier ministre polonais s'est notamment entretenu par téléphone avec François Hollande dans la matinée. A l'issu de cet entretien, le président français a convenu avec lui " de la nécessité de sanctions
européennes rapides et ciblées à l'encontre des 
principaux responsables
de ces actes"
, souligne un communiqué de l'Elysée.

Le président ukrainien "a du sang sur les mains" (Suède)

Selon le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, Elmar Brok, l'interdiction de visas
ou encore le gel des avoirs des dirigeants ukrainiens impliqués dans la
répression des manifestations pourraient être envisagés. Mais de
telles mesures demandent l'unanimité des 28 Etats membres qui, pour le moment,
ne sont pas tous favorables à des sanctions contre Kiev, à l'image de la
Roumanie par exemple, qui estime que "dans ce moment de tension maximale,
seul le dialogue peut résoudre la crise",
a fait savoir son ministre des
Affaires roumain Titus Corlatean.

Pour le ministre des Affaires
étrangères suédois, au contraire, il n'est plus temps de dialoguer mais de sanctionner les responsables, au premier rang desquels, selon lui, figure le président ukrainien. "Il faut être
clairs : la responsabilité finale des morts et de la violence revient au président Ianoukovitch. Il a du
sang sur les mains"
, écrit Carl Bildt sur Twitter.

L'ONU demande une enquête

Depuis hier, les réactions qui émanent de la communauté internationale se multiplient et dépassent les frontières de l'UE. Mercredi, l'ONU a demandé
une "enquête urgente et indépendante" sur les violences en Ukraine. Un peu plus tôt, son secrétaire général, Ban Ki-Moon, s'était dit
"extrêmement inquiet" de la tournure que prennent les évènements.

Les Etats-Unis ont également réagi. Le vice-président
Joe Biden a notamment appelé Viktor Ianoukovitch à retirer les forces de
l'ordre des rues de Kiev et "à faire preuve de la plus grande
retenue"
.

La position inconfortable de la Russie

La Russie, après avoir
rappelé que son principe de base est de ne pas intervenir dans ce qui se passe
en Ukraine, a fini par dénoncer mercredi une "tentative de coup d'Etat"
en Ukraine
et a déclaré "exiger" des dirigeants de l'opposition dans ce pays
qu'ils fassent cesser les violences. 

"L'Ukraine
est un Etat frère et un partenaire stratégique. Et nous emploierons
toute notre influence afin que la paix et le 
calme règne" ,
précise un communiqué de la diplomatie russe, qui ne dit pas les mesures
envisagées pour y parvenir.

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