Reportage "C'est assez compliqué de discuter à 27" : à Bruxelles, des jeunes étudiants jouent le rôle de dirigeants de l'UE pour simuler un Conseil européen

Des jeunes étudiants venus des 27 pays de l'Union européenne, six par pays, ont découvert les coulisses des négociations européennes participant à un faux Conseil européen.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les jeunes étudiants européens réunis en sommet à Bruxelles, pour simuler un Conseil européen. (ANGELIQUE BOUIN / RADIOFRANCE)

Comme dans tous les vrais sommets, cela commence sur le grand tapis rouge bordé des 27 drapeaux avec les déclarations des chefs d'État et de gouvernement comme avec la Première ministre belge : "I'm very excited to be here [Je suis très heureuse d'être là]". Pour l'exercice, l'anglais est de rigueur mais comme dans la vraie vie on peut interpeller les dirigeants : "Juste une question en français, s'il vous plaît." Impeccable dans son tailleur bleu marine, Lauriane, une étudiante de 22 ans, joue le rôle du président Emmanuel Macron : "Alors aujourd'hui, nous vivons un moment historique pour l'Union…"

Près de 160 étudiants, venus en majorité de facultés et d'instituts d'études politiques des 27 États membres, sont depuis le lundi 8 avril dans les locaux du Conseil européen à Bruxelles pour simuler un sommet, à quelques semaines des élections européennes. Pour ce jeu de rôle qui va durer deux jours, ils sont six par pays et vont enfiler le costume de dirigeants, d'ambassadeurs, de ministres et de conseillers. L'objectif est de trouver un compromis sur la régulation de l'Intelligence artificielle.

Direction l'une des vastes salles du Conseil européen. Autour de la table, le faux Charles Michel distribue la parole. "Thank you, and now Susana for Poland [Merci, et maintenant Susana pour la Pologne]." Les étudiants négocient pendant deux heures à la recherche d'un compromis sur un sujet complexe. À la sortie, la présidente française, Laurianne, se dit surprise : "C'était assez différent de ce à quoi je m'étais préparée. C'est vrai que discuter à 27, ça pose certaines difficultés. Chacun essaie de respecter son temps de parole tout en faisant valoir ses positions et c'est assez compliqué."

Lauriane (à gauche), une jeune étudiante qui joue le role de la présidente de la République française, entourée de ses homologues dans la salle du Conseil européen, en avril 2024 à Bruxelles. (ANGELIQUE BOUIN / RADIOFRANCE)

Chaque capitale a son mot à dire

Anaïs a joué le rôle de conseillère en cybersécurité pour le Luxembourg. Elle apporte une expertise technique et juridique à son chef d'État et son ministre. "On a rencontré des Lituaniens, des Suédois, beaucoup parler avec les Allemands, c'était vraiment super intéressant, se réjouit l'étudiante. Pouvoir réussir à comprendre et avoir d'autres points de vue. C'est vrai que c'est quand même très riche."

Émilien, 22 ans, a enfilé un beau costume. Comme Anaïs, il est étudiant en affaires européennes. Il joue le ministre belge du Numérique. Un domaine où l'Europe donne le la, estime l'étudiant qui est bluffé lui aussi par l'exercice : "C'est ce genre de choses qui nous montrent qu'effectivement, on est tous très unis en étant tous très différents et je trouve que ça a aussi un beau message."

"Nos négociations et nos accords ont un pouvoir normatif dans le reste du monde et c'est assez impressionnant à observer. Ici on l'observe particulièrement avec le sujet de l'intelligence artificielle."

Émilien, étudiant en affaires européennes

à franceinfo

L'objectif de cette simulation est de montrer à ces jeunes que Bruxelles n'est pas une entité externe qui décide de tout mais qu'au sein du Conseil chaque capitale a son mot à dire, explique une porte-parole de l'institution.

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