: Reportage Guerre en Ukraine et Otan : en immersion avec l'armée finlandaise, la première force d'artillerie en Europe
Le sommet de l'OTAN qui s'est ouvert ce mardi, à Madrid, en Espagne, a officiellement invité la Suède et la Finlande à adhérer à l'alliance militaire. Au nord d'Helsinki, franceinfo a pu partager quelques heures avec la première force d'artillerie d'Europe, la Brigade blindée de Parolannummi.
C'est dans l'immense camp de Parolannummi, à une heure de route au nord d'Helsinki, que la Finlande forme ses artilleurs, particulièrement sur les systèmes d'armes les plus récemment acquis, comme l'obusier K9.
Le lieutenant Hendrick de la batterie d'obusier blindée fait les présentations : "Voici le K9 Thunder, l'un de nos canons lourds. Il est central dans notre défense parce qu'il est automoteur. En mouvement, il nous faut une minute pour mettre l'arme en batterie et moins d'une minute après le tir pour qu'elle reparte..."
Des K9 - l'équivalent du canon Caesar français mais monté sur chenilles -, la Finlande en a 58 et devrait en posséder une centaine à terme. Mais ce n'est qu'une fraction de sa force d'artillerie qui compte en tout près de 1500 systèmes d'armes. À comparer, par exemple, avec les 260 pièces d'artillerie de l'armée française.
La peur d'une invasion russe
Pourquoi tant de canons en Finlande ? C'est le résultat de la géographie du pays, explique le major Juuso Welin, responsable des formations sur les obusiers finlandais. "Nous vivons dans un pays très étendu pour notre petite population, et pour le protéger nous avons donc besoin d'armes à longue portée. L'artillerie a longtemps été la seule manière de résoudre cette équation à un coût raisonnable", précise-t-il.
Il faut dire aussi qu'Helsinki partage une frontière de 1300 km avec une Russie qui a déjà tenté de l'envahir en 1939 et contre laquelle elle s'est préparée et armée. "Pour contrer une puissance de feu, il faut une puissance de feu équivalente. Et nous avons développé des capacités qui peuvent répondre aux menaces se trouvant autour de nous", prévient Juuso Welin.
Staline avait d'ailleurs surnommé l'artillerie le "Dieu de la guerre" et ne jurait que par elle. Près d'un siècle après, les choses n'ont pas beaucoup changé, remarque le lieutenant Hendrick : "Si on regarde ce qui se passe en Ukraine, ces dernières semaines, comment ils se battent, c'est clair que l'artillerie est encore la reine du champ de bataille." En effet : aujourd'hui, l'offensive russe dans le Donbass ukrainien est avant tout une bataille d'artillerie. Et l'armée finlandaise est sans doute la mieux équipée en Europe pour contrer ce type d'attaque.
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