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Varsovie ne soutient pas le Polonais Tusk à la présidence de l’Europe

Un candidat à un poste de prestige dans l’Union européenne qui n’est pas soutenu par son propre pays, cela peut surprendre. C’est ce qui arrive à Donald Tusk, l’actuel président du Conseil de l’Europe, qui brigue un second mandat. Le leader de la droite au pouvoir en Pologne l’accuse d’être, entre autres, «moralement responsable» de la mort du président Kaczynski en 2010 dans un accident d'avion.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min

Jaroslaw Kaczynski en veut à Donald Tusk, son adversaire politique. Il lui reproche son parti pris pour l’opposition polonaise, une absence de neutralité inconcevable à ses yeux pour un président du Conseil de l’Europe. Kaczynski, selon Radio Poland, considère «qu’il n’est pas dans l’intérêt de la Pologne que quelqu’un comme lui (Tusk) soit président du Conseil de l’Europe.»
«Un homme politique qui nous nuit, comme avec cette idée d’instaurer une pénalité de 250.000 euros pour chaque réfugié qui ne serait pas accueilli (…). Et il y a beaucoup d'autres actions. Ce serait étrange que nous acceptions une telle personne.»
 
Mais l’acrimonie du chef du PiS ne se limite pas à ça. Pour Jaroslaw Kaczynski, Donald Tusk, alors Premier ministre, est «moralement responsable» de la mort de son frère jumeau dans le crash de son avion. Lors du 6e anniversaire de la tragédie, le 10 avril 2016, Kaczynski a lancé devant ses partisans: «Le gouvernement précédent est responsable pour cette tragédie, du moins moralement. Pas le gouvernement (actuel) de Madame Kopacz, mais celui de Donald Tusk.» 
 
Il n’a pas expliqué comment il était arrivé à cette conclusion, mais a continué en déclarant que l’«enquête véritable ne fait que commencer».

Le patron, c'est lui
Même sans fonction, le leader de la droite polonaise, Jaroslaw Kaczynski, continue de faire la pluie et le beau temps dans la vie politique de son pays. Le chef du parti Droit et justice au pouvoir peut ainsi faire connaître clairement la position du gouvernement polonais, alors qu’il n’y participe pas.

Jaroslaw Kaczynski, président du parti conservateur PiS, catholique fervent et homme fort de la Pologne, lors d'une manifestation pro-gouvernementale à Varsovie le 13 décembre 2015.  (REUTERS - Kacper Pempel)
 
Cela en dit long déjà sur le lien de subordination qui existe entre la chef du gouvernement polonais Beata Szydlo et Jaroslaw Kaczynski. Le chef du PiS se permet de donner le tempo de la diplomatie du pays, donnant ainsi des arguments à l’opposition qui l'accuse d'être à l'origine des décisions de l'exécutif. 
 
Le mandat de Tusk de deux ans et demi à la tête du Conseil doit s’achever le 31 mai 2017. Heureusement pour lui, il peut compter sur des amis hors de sa Pologne natale. «Tout le monde soutient Tusk et seule la Pologne fait des difficultés», précise un membre de l’administration européenne. Le poste est normalement attribué à l'unanimité, mais un vote à la majorité simple est possible si nécessaire, ce qui semble se profiler, dit-on à Bruxelles.

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