: Vidéo François Hollande : "Si la France s'affaiblissait, c'est toute l'Europe qui ralentirait"
Le président de la République était l'invité exceptionnel du 2e numéro du mensuel "Avenue de l'Europe, le mag", consacrée au Conseil européen. Retrouvez dans cette vidéo l'intégralité de l'interview de François Hollande réalisée le 20 mars 2015.
Après une réunion d'urgence du Conseil européen au sujet de la situation en Grèce, qui s'est prolongée jusqu'à 4 heures du matin le 20 mars, le président de la République a accepté d'être l'invité exceptionnel d'Avenue de l'Europe pour son 2e numéro mensuel, diffusé mercredi 22 avril. Il a répondu aux questions de Véronique Auger et Anne Bourse.
Les grand-messes à vingt-huit en Europe ne seraient-elles pas coûteuses et inutiles ? Ne serait-il pas plus efficace d'être moins nombreux pour traiter les dossiers ?
"Si nous n'étions que deux en Europe, ce serait plus simple, a rétorqué François Hollande. Il se trouve que nous sommes 28. Il est très important que la France et l'Allemagne se mettent d'accord : c'est la condition pour que l'Europe puisse avancer. Sur la Grèce, il était essentiel que nous [les présidents de la Commission européenne, du Conseil européen, de la BCE, la chancelière allemande et le Premier ministre grec] puissions trouver une méthode et des solutions (...). Ce matin [le 20 mars], nous allons retourner vers les 28, leur rendre compte de ce que nous avons fait et adopter une décision."
Ces cercles restreints, comme ce minisommet au sujet de la Grèce, ne sont-ils pas une remise en cause du fonctionnement même de l'Union européenne ?
"À la fin, ce sont les 28 qui décident, rappelle François Hollande, en prenant l'exemple des sanctions à l'égard de la Russie : "Avec la chancelière Merkel, nous sommes les 'cosignataires' de l'accord de Minsk, en Biélorussie, entre la Russie et l'Ukraine qui a permis un (...) cessez-le-feu." Ensuite, le système proposé a obtenu l'accord des 28, poursuit le Président français, qui dit comprendre que certains États puissent se sentir mis de côté. En même temps, souligne-t-il, "ils sont très contents qu'on ait pu préparer le travail, susciter un compromis et faire passer une décision".
La France, qui participe toujours à ces cercles restreints, a-t-elle toujours un rôle moteur, ou peut-on dire comme au foot que "c'est toujours l'Allemagne qui gagne" ?
"Ce n'est pas l'Allemagne, mais l'Europe qui doit gagner. Quand un pays veut gagner contre l'Europe, il ne peut pas être entendu. L'Allemagne compte [de par sa position démographique et économique] (...) ; mais la France est le pays indispensable [de par sa position économique, mais aussi sa politique étrangère et sa politique de défense]. (...) Le couple franco-allemand pèse-t-il toujours autant ? Je crois que oui. (...) Si la France s'affaiblissait, c'est l'Europe toute entière qui ralentirait."
Le fait que les décisions du Conseil européen mettent très longtemps à arriver au "peuple" n'est-il pas de nature à accentuer la montée des nationalismes ?
"Une Europe à 28, c'est compliqué, et même les spécialistes se perdent [dans les différentes institutions]. C'est compliqué... comme la démocratie, répond le chef de l'État français – et à plus forte raison une démocratie à 500 millions d'habitants. (...) Il faut sûrement la simplifier. Le vrai sujet, c'est comment la rénover, et en même temps défendre l'Europe en tant que telle. Sans Europe, sans euro, argumente le Président, "on déclinera tout seul". Pour François Hollande, "on est plus fort à 28 que tout seul".
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