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Face à une cascade de révélations de scandales pédophiles au sein de l'Eglise, le Vatican a lancé la contre-offensive

L'Etat dénonce un "acharnement" contre le pape Benoît XVI et minimise l'étendue du phénomène.Le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung a révélé que Benoît XVI a hébergé, dans le diocèse de Munich en 1980, un prêtre présumé pédophile pour qu'il suive une thérapie.
Article rédigé par France2.fr
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Le pape Benoit XVI, lors de la messe de Pâques en 2009. (France 3)

L'Etat dénonce un "acharnement" contre le pape Benoît XVI et minimise l'étendue du phénomène.

Le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung a révélé que Benoît XVI a hébergé, dans le diocèse de Munich en 1980, un prêtre présumé pédophile pour qu'il suive une thérapie.

Une information confirmée dans un communiqué de l'archevêché de Munich.

"Il est plutôt évident que ces derniers jours, il y en a qui ont cherché - avec un certain acharnement à Ratisbonne et Munich - des éléments pour impliquer personnellement le Saint Père dans les questions des abus" sexuels mais "il est clair que ces efforts ont échoué", a déclaré samedi le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

Le frère du pape dans la tourmente
En évoquant Ratisbonne et Munich, le porte-parole fait référence au fait que le scandale de pédophilie en Allemagne a touché la chorale de Ratisbonne, dirigée de 1964 à 1994 par le frère du pape, Mgr Georg Ratzinger, et à la mise en cause du pape pour avoir hébergé en 1980 un prêtre soupçonné de pédophilie lorsqu'il dirigeait le diocèse de Munich.

Sur cette dernière affaire, le porte-parole souligne que l'archevêché de Munich a expliqué vendredi "comment l'archevêque (Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI) était resté complètement étranger aux décisions à la suite desquelles des abus ont été vérifiés".

Selon l'archevêché, Mgr Ratzinger n'a été consulté que pour l'accueil du prêtre suspect pour suivre une thérapie. Le vicaire général de l'époque, Gerhard Gruber, a assumé "l'entière responsabilité" de l'affectation de ce prêtre dans une paroisse, reconnaissant "une grave erreur". Le prêtre avait en 1986 été condamné en justice pour abus sexuels sur mineurs.

La presse allemande n'a cependant pas été unanimement convaincue. Le pape "savait-il que ce prêtre retrouverait des fonctions" au sein de son archevêché "ou n'en savait-il rien, ce qui serait probablement une négligence ?", s'interrogeait samedi le quotidien berlinois Tagesspiegel. Selon ce journal, "les deux hypothèses sont, pour dire le moins, peu reluisantes".

300 cas de pédophilie recensés de puis 2001
Le Vatican s'est efforcé de relativiser le nombre de cas d'abus sexuels imputables à des hommes d'église.

Samedi, un haut responsable s'est livré à un calcul très personnel pour chiffrer à "environ 300" les cas de "véritable pédophilie, c'est-à-dire d'une attraction sexuelle pour des garçons impubères", commis par des prêtres ou religieux et remontés au Vatican entre 2001 à 2010.

Durant cette période, il y a eu "environ 3.000 accusations regardant des prêtres pour des crimes commis ces 50 dernières années", a déclaré Mgr Charles Scicluna, de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans une interview à Avvenire, journal de la conférence épiscopale italienne.

"Ephébophilie : attraction physique pour ados de même sexe"
"Dans environ 60% des cas, on a plutôt affaire à des actes d''éphébophilie', c'est-à-dire d'attraction physique pour des adolescents de même sexe. Dans 30%, de rapports hétérosexuels et pour les 10% restant, de véritable pédophilie", note le prélat, dans cette interview signalée par la salle de presse du Vatican.

"En neuf ans, les cas de prêtres accusés de pédophilie sont donc d'environ 300" sur "400.000 prêtres diocésains et religieux" dans le monde. "Trop certes, mais il faut constater que le phénomène n'est pas étendu comme on veut le faire croire", ajoute-t-il.

Le père Lombardi et Mgr Scicluna ont également assuré que le pape avait mené une action résolue contre ces crimes. "Sa ligne a toujours été celle de la rigueur et de la cohérence pour affronter les situations, même les plus difficiles", a affirmé le père Lombardi tandis que Mgr Scicluna relève qu'il "a géré avec fermeté ces affaires".

Après l'Irlande, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche, la Suisse a rejoint samedi la longue liste des pays touchés par ces révélations, avec une soixantaine de dénonciations d'abus sexuels.

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