Cet article date de plus de huit ans.

Gambie: le président Yahya Jammeh, «dictateur du développement», en veut à l'ONU

Parvenu au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, le président gambien Yahya Jammeh brigue un nouveau mandat en décembre 2016. Son principal adversaire est mort en prison en avril. Il se dit fier d’être qualifié de dictateur. Et de vouer aux enfers le secrétaire général de l’ONU et Amnesty International.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président gambien Yahya Jammeh. (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

L’homme est connu pour ses sorties à l’emporte-pièce. Dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique, il voue aux enfers le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'ONG Amnesty International, qui réclament l'ouverture d'une enquête suite à la mort d'un  opposant en détention. «Ban Ki-moon et Amnesty International peuvent aller en enfer! Qui sont-ils  pour exiger cela?» ne décolère pas le président gambien Yahya Jammeh, interrogé sur l'opposant Solo Sandeng. Ce dernier est mort en détention en avril, selon le Parti démocratique uni  (UDP, opposition).
 
Plusieurs opposants sont détenus depuis mi-avril après un rassemblement pour réclamer des réformes politiques. La mort de Solo Sandeng ne semble pas affecter le président gambien. «Où est le problème ? Des gens qui meurent en détention ou pendant un  interrogatoire, c'est très commun. Là, une seule personne est morte et ils  veulent une enquête ? Personne ne me dira que faire dans mon pays».

 
Droits de l’Homme ? Quel droits ? Le patron d'Amnesty International a accusé à Dakar le régime du président Yahya Jammeh de «meurtre» et qualifié de  «honte» la passivité de ses voisins d'Afrique de l'Ouest devant la dégradation  de la situation des droits de l'homme en Gambie. «En Gambie, ça va de mal en pis. Les journalistes et la société civile sont  attaqués. Les résultats de l'élection présidentielle (prévue en décembre) sont  connus d'avance. La terreur ne cesse de s'accentuer», se désole Salil Shetty,  secrétaire général d'Amnesty International.
 
Se disant fier d'être qualifié de dictateur par les Occidentaux, «habitués à ce que les chefs d'Etat africains ne soient que des béni oui-oui», Yahya Jammeh se voit comme «un dictateur du développement ».
 
La Gambie  reste classée comme un des pays les plus pauvres de la planète.  «J'ai un problème avec les institutions de Bretton Woods. Ma croissance, ma prospérité, c'est moi qui les définis», tranche le président gambien. Et, en direction de son opposition qui demande la limitation des mandats, ce message : «je serai président aussi longtemps que Dieu et mon peuple le voudront».

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.