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Grèce : nouveau mandat pour la droite, retour de Tsipras, coalition ? On vous explique les enjeux des élections législatives

Au total, 36 partis sont en lice dimanche pour ce scrutin qui se joue à la proportionnelle.
Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
De gauche à droite : le leader du parti socialiste grec, Nikos Androulakis, le président de Syriza (gauche radicale), Alexis Tsipras, et le Premier ministre (droite), Kyriakos Mitsotákis, lors d'un débat, le 10 mai 2023 à Athènes (Grèce). (ARIS MESSINIS / AFP)

Près de 10 millions de personnes appelées aux urnes. Des élections législatives ont lieu en Grèce, dimanche 21 mai, quatre ans après l'arrivée au pouvoir du parti de droite Nouvelle Démocratie. Le scrutin s'annonce comme un duel entre le Premier ministre sortant, Kyriakos Mitsotakis, et son prédécesseur, Aléxis Tsipras, leade de Syriza (gauche radicale). 

Il est "très probable" qu'aucune majorité ne se dessine à l'issue du scrutin, observe le politologue Takis Pappas, de l'université d'Helsinki et de la fondation Eliamep à Athènes. Si aucune coalition ne parvient à se former, un second scrutin sera organisé. Franceinfo revient sur les enjeux principaux de dimanche. 

Un Premier ministre face à son prédécesseur 

Le chef du gouvernement, Kyriakos Mitsotákis, du parti de droite Nouvelle Démocratie, est candidat à sa réélection. Fils de l'ancien Premier ministre Konstantinos Mitsotakis, il est au pouvoir depuis les précédentes élections de 2019, après avoir été député et ministre. Il met en avant son bilan économique à la tête du gouvernement, saluant "la reprise robuste" de l'économie grecque depuis 2019, à la suite de huit années de récession et de mesures d'austérité. 

Lors de son mandat, Konstantinos Mitsotakis a notamment renforcé les effectifs policiers et érigé des kilomètres de murs à la frontière avec la Turquie. Ses années au pouvoir ont aussi été marquées par un scandale d'écoutes téléphoniques ciblant l'un des chefs de l'opposition de gauche, Nikos Androulakis, ainsi que plusieurs journalistes. Le Premier ministre, pourtant à la tête des services de renseignements, a assuré qu'il n'était pas au courant et évoque une "erreur", "politiquement inacceptable".

Dimanche, il fait face à celui qui l'a précédé à la tête du gouvernement : Aléxis Tsipras, élu en 2015 et Premier ministre jusqu'en 2019. Dans cette campagne, il a prôné "le changement". Le président de Syriza, ancien membre de la jeunesse communiste et député, incarne encore dans l'opinion publique le bras de fer avec les créanciers de la Grèce. Il avait finalement accepté les conditions demandées pour un nouveau plan d'aide en 2015, ce qui avait entraîné de nouvelles mesures d'austérité.

Un troisième homme a émergé durant la campagne : l'ex-eurodéputé Nikos Androulakis, chef des socialistes du Pasok-Kinal. Le Crétois pourrait, en fonction des résultats du scrutin, devenir un potentiel partenaire dans une coalition gouvernementale. Toutefois, il a refusé à plusieurs reprises l'idée d'un nouveau gouvernement mené par Kyriákos Mitsotákis ou Alexis Tsipras, rappelle le journal Ekathimerini*Dans l'ensemble, Syriza et Pasok-Kinal basent leur campagne sur une critique du gouvernement. "Ils tentent de déprécier les mesures prises par Nouvelle Démocratie", observe Takis Pappas, "sans forcément proposer de choses très concrètes".

Un éventuel second scrutin début juillet

Au total, pas moins de 36 partis politiques sont en lice pour cette élection, précise Ekathimerini*. Cette année, le scrutin se joue à la proportionnelle intégrale, contrairement aux élections de 2019, où le parti arrivé en tête bénéficiait d'une prime de 50 sièges. Comme l'explique Ekathimerini*, 285 sièges au Parlement seront partagés entre les partis ayant au moins 3% des voix, proportionnellement à leur score. 

A ce stade, il est peu probable qu'une majorité se dessine clairement dimanche. D'après les sondages recensés par Politico*, Nouvelle-Démocratie était crédité, le 13 mai, d'environ 36% des intentions de vote, contre 29% pour Syriza et 10% pour Pasok-Kinal. Même s'il arrive en tête, Kyriakos Mitsotakis n'est donc pas assuré de pouvoir former une coalition majoritaire. Il n'y est lui-même pas favorable, préférant la perspective d'une nouvelle élection. De son côté, Alexis Tsipras n'a pas exclu une coalition avec le Pasok-Kinal, mais la position de ce dernier reste incertaine.

En l'absence de coalition majoritaire, de nouvelles élections législatives devraient être organisées le 2 juillet. Dans ce cas de figure, le parti qui arrivera en tête obtiendra cette fois une prime d'au minimum 20 sièges, tant qu'il recueille plus de 25% des voix. Ce mode de scrutin pourrait profiter à Kyriakos Mitsotakis s'il arrive en tête, pour bâtir une majorité plus solide. Pour le Premier ministre sortant, un gouvernement de droite "stable et fort est réalisable" avec une deuxième élection. Le politologue Takis Pappas souligne que Nouvelle Démocratie reste en tête des intentions de vote depuis début 2016.

L'économie au cœur des préoccupations

Si le Premier ministre met en avant son bilan, la situation économique grecque est en demi-teinte. La croissance, de 5,9% en 2022, devrait reculer à 2,4% en 2023 puis 1,9% en 2024, d'après les prévisions de la Commission européenne*. L'inflation, qui était de 9,3% l'an dernier, constitue la principale préoccupation des Grecs, relève Euronews*. La hausse des prix devrait toutefois reculer, à 4,2% cette année et 2,4% en 2024.

Par ailleurs, la Grèce fait face à une dette publique importante – 171,3% du PIB l'an dernier, 160,2% du PIB cette année, selon Bruxelles. Le taux de chômage se situe autour de 12%. 

"La question de la qualité de vie, du rôle de l'Etat dans nos vies, en matière de santé par exemple" est aussi un sujet de préoccupation, poursuit Takis Pappas. La catastrophe ferroviaire de la vallée de Tempé, qui a fait 57 morts le 28 février, a provoqué un élan de colère populaire, notamment sur l'état des services publics. Les intentions de vote pour Nouvelle Démocratie avaient alors reculé. Cependant, elles sont reparties à la hausse à partir d'avril. 

*Ces liens renvoient vers des pages en anglais. 

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