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Grèce : Stefanos Kasselakis, le golden boy inconnu devenu leader de la gauche

Le jeune homme d'affaires, inconnu du grand public quelques semaines plus tôt et qui ne résidait même pas en Grèce début 2023, est devenu, fin septembre, à l'issue d'une campagne de communication canon, le nouveau leader de Syriza, première force politique de gauche du pays.
Article rédigé par Adrien Serrière
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Stefanos Kasselakis, le soir de son élection à la tête de Syriza, le 25 septembre 2023. (ARIS MESSINIS / AFP)

C'est une ascension fulgurante que personne n'avait vu venir en Grèce. Celle d'un ovni politique : Stefanos Kasselakis. Le nouveau leader de Syriza est passé de l'ombre au statut de leader de l'opposition en l'espace de quelques semaines. Encore inconnu du grand public au mois d'août, il a remporté fin septembre l'élection pour la présidence du premier parti de gauche du pays grâce à un charisme évident, une campagne de communication éclair sur les réseaux sociaux et à la fascination du public et des médias pour ce "golden boy" au parcours déroutant.

Du rêve américain...

L'histoire de Stefanos Kasselakis s'est longtemps écrite loin de la Grèce. L'homme d'affaires de 35 ans est né à Maroussi, ville de 70 000 habitants située au nord d'Athènes, mais dès ses 14 ans, il obtient une bourse pour poursuivre ses études aux Etats-Unis. Diplômé d'une université de Pennsylvanie, il est engagé à 21 ans par la banque d'investissement américaine Goldman Sachs. Une expérience de trader de cinq ans qui a forcément interloqué les électeurs de Syrisa, mais qui a permis à Kasselakis, selon ses propres dires, de "constater ce qu'est le capital : acheter le travail d'autrui à moindre coût" et de mesurer "l'arrogance que l'argent apporte".

... au "rêve grec"

Patron d'une société dans la marine marchande, Stefanos Kasselakis est un novice en politique. S'il a été bénévole dans l'équipe de campagne de Joe Biden, en 2008, il n'avait jamais brigué aucun mandat jusqu'aux élections législatives grecques de mai 2023. Il se présente alors pour les Grecs de l'étranger sous l'étiquette Syriza. Mais avec 18% des suffrages, la formation de gauche connaît une véritable débâcle qui pousse l'homme qui la dirige depuis 15 ans, Alexis Tsipras, à démissionner. Le départ de l'ancien Premier ministre (2015-2019) ouvre la porte à un nouveau projet pour Syriza. Stefanos Kasselakis va s'y engouffrer, à la surprise générale.

Campagne express et Instagram

À coup de vidéos soignées, le trentenaire a prouvé qu'il maîtrisait parfaitement les codes de communication sur les réseaux sociaux. "Le moment est venu de construire le rêve grec dont nous avons désespérément besoin", clame-t-il, fin août, dans la vidéo annonçant, à la dernière minute, sa candidature pour la présidence de Syriza. Il y présente également son époux américain, un infirmier urgentiste, avec lequel il se présente depuis régulièrement devant les médias. Stefanos Kasselakis est le premier responsable politique ouvertement gay à prendre la tête d'une formation politique en Grèce, pays où le mariage homosexuel n'existe pas.

Un camp au bord de la scission

Si la fraîcheur politique de Stefanos Kasselakis fascine les chaînes de télévision grecques - qui le suivent dans tous ses déplacements, du café matinal à la salle de sport - et a séduit les militants de Syriza (56 % des voix face à l'ancienne ministre du Travail Effie Achtsioglou), elle irrite aussi nombre de personnalités politiques au sein de son propre camp. "Nous n’avons pas besoin d’un messie ou de personnalités politiques de la génération Instagram", avait notamment lancé Nikos Filis, ancien ministre et ténor de Syriza, lors de la campagne.

Ses détracteurs lui reprochent son inexpérience, sa méconnaissance de la Grèce - il vivait encore à Miami jusqu'au début d'année - et son style populiste couplé à un programme politique pour l'instant assez flou. Kasselakis, qui entend incarner le progressisme, promet vaguement des changements dans "la santé, l'éducation, le travail, la justice", et entend opérer la séparation de l'Eglise et de l'Etat, abolir le service militaire obligatoire, investir davantage dans la préservation de l'environnement et ouvrir le mariage aux couples de même sexe. L'ancien trader, qui se projette déjà sur un éventuel futur duel face au Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, devra d'abord rassembler son camp, qui ressort profondément divisé de cette spectaculaire élection.

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