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Huit Israéliens ont été tués jeudi lors de trois attaques synchronisées près de la station balnéaire d'Eilat

Un autobus a d'abord été mitraillé près de la frontière avec l'Egypte, puis un véhicule militaire venu sur les lieux a été la cible d'un engin piégé. Lors d'un troisième incident,une voiture a été attaquée près de la frontière avec la Jordanie.Six Palestiniens ont été tués jeudi lors d'un raid aérien israélien sur la ville de Rafah (sud de Gaza).
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Un soldat israélien blessé lors d'une attaque contre un bus dans la région d'Eilat, près de la frontière avec l'Egypte (AFP - ILAN ASSAYAG)

Un autobus a d'abord été mitraillé près de la frontière avec l'Egypte, puis un véhicule militaire venu sur les lieux a été la cible d'un engin piégé. Lors d'un troisième incident,une voiture a été attaquée près de la frontière avec la Jordanie.

Six Palestiniens ont été tués jeudi lors d'un raid aérien israélien sur la ville de Rafah (sud de Gaza).


Selon les services d'urgence israéliens, huit Israéliens (six civils, un soldat et un policier) ont été tués et 26 autres blessés. Selon les médias israéliens, cinq assaillants ont été tués par les forces de sécurité israéliennes et deux autres par les forces de sécurité égyptiennes.

Le scénario de l'attaque
L'attaque a eu lieu peu après midi (11h00 heure française), tout près de la frontière égyptienne, près du poste-frontière israélien de Netafim.

Des assailants ont ouvert le feu sur l'autobus 392 de la compagnie publique Egged, assurant la liaison entre les villes de Beersheva et Eilat, avec à son bord de nombreux militaires partis en permission la veille du week-end.

Le chauffeur, Benny Bilbaski, a raconté avoir été bloqué par un véhicule duquel sont sortis trois hommes en tenue militaire bleue qui ont tiré à l'arme automatique sur le car.

Quelques minutes après, un bus vide et des voitures privées arrivent sur les lieux. Les assaillants tirent à nouveau. L'un court vers le bus actionnant une ceinture d'explosifs, entraînant le chauffeur du car dans la mort.

Deux soeurs et leurs époux, en route pour des vacances à Eilat, sont tués dans une voiture ainsi que le conducteur d'un autre véhicule.

Ce n'est qu'à ce moment que les premiers soldats israéliens arrivent en renfort à bord de deux véhicules. Un militaire tue le second assaillant en lui roulant dessus. Le troisième attaquant est abattu lors d'échanges de tirs qui se soldent par la mort d'un soldat.

Selon les médias israéliens, les soldats et policiers venus en renforts, appuyés par des hélicoptères, ouvrent le feu en direction de deux autres membres du commando, postés du côté égyptien de la frontière.

Finalement les deux hommes seront tués par des policiers israéliens qui ont traversé la frontière égyptienne.

Après les attaques, des sapeurs de l'armée israélienne ont découvert des engins explosifs placés le long de la route et les ont désamorcés.

Enfin, en début de soirée, alors que des officiers supérieurs israéliens enquêtent sur place, des tirs reprennent, tuant un tireur d'élite de la police israélienne, d'origine française.

Une demi-heure après la première attaque, un véhicule militaire qui venait à la rescousse a été la cible d'une attaque à la bombe télécommandée.

L'incident le plus meurtrier s'est produit à 13h00 locales quand un véhicule privé a été atteint par une roquette antichar près de Beer Ora, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Eilat, cette fois près de la frontière jordanienne.

Représailles
Au même moment, un raid aérien israélien sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, fait six morts, dont quatre chefs des Comités de résistance populaire (CRP), une organisation radicale armée opérant à Gaza.

L'un des tués est Kamal Al Nayrab, le secrétaire général des CRP, affirment un photographe de l'AFP et des témoins.

Dans un communiqué, le service de la sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, a affirmé que ces quatre membres étaient "directement impliqués dans les attaques" de jeudi dans le sud d'Israël.

Les CRP ont nié vendredi être responsables de ces attaques meurtrières.

"Nous saluons (cette opération) et nous en sommes fiers, mais nous ne la revendiquons pas" a déclaré à l'AFP le porte-parole des CRP, Abou Moudjahid, lors des funérailles des activistes tués jeudi lors du raid de représailles israélien.

"Il s'agit d'une escalade injustifiée et nous, au sein des CRP, ne sommes plus tenus par aucune obligation (d'accord)", a ajouté le porte-parole en faisant allusion à la fragile trêve observée depuis le 10 avril à l'encontre d'Israël par les principales organisations armées de Gaza.

Le Shin Beth a ajouté que certains membres des CRP éliminés jeudi avaient participé en juin 2006 à l'enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit à la lisière de la bande de Gaza.

En soirée, deux roquettes ont été tirées de la bande de Gaza en direction de la ville d'Ashkelon, au sud de Tel-Aviv, et au moins une a été interceptée par le système de défense antimissile Iron Dome (Dôme de fer), selon l'armée.

Les autorités avaient des renseignements préalables
Il semble que les forces de sécurité israéliennes aient été dûment prévenues de l'imminence d'une telle opération et aient même déjà déployé des renforts, le long des 200 kilomètres de la frontière avec l'Egypte, selon des sources militaires.

"Un avertissement spécifique et de haut niveau qui n'a servi à rien", déplore vendredi le quotidien Maariv qui se demande "pourquoi les attentats n'ont pas été empêchés et pourquoi la route n'a pas été coupée immédiatement à la circulation civile".

"Des renseignements précis (mais) un échec criant", déplore le journal populaire Yediot Aharonot.

Les attaques viennent de Gaza selon Israël
Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a affirmé que les attaques commises jeudi dans le sud d'Israël "viennent de Gaza" et menacé de "réagir avec toute la force et la détermination" nécessaires.

"Il s'agit d'une grave attaque terroriste coordonnée, qui traduit l'affaiblissement du contrôle de l'Egypte sur la péninsule du Sinaï et l'extension de l'activité terroriste", a ajouté le ministre dans un communiqué.

Selon un responsable israélien s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, les assaillants sont entrés en Israël via la péninsule du Sinaï égyptienne.

"Ils ont quitté Gaza pour aller vers le sud dans le Sinaï, ils sont restés là un moment, puis ils sont remontés vers le nord pour entrer en Israël. Nous avons vu ce mode opératoire avant", a-t-il expliqué.

Réactions
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié d'"atteinte à la souveraineté de l'Etat" ces trois attaques sanglantes, avertissant qu'"Israël réagira en conséquence". "Si les organisations terroristes pensent qu'elles peuvent blesser nos concitoyens sans que nous répondions elles se trompent. Israël leur fera payer un prix très fort", a affirmé le chef du gouvernement de l'Etat hébreu.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a pour sa part nié être impliqué dans les trois attaques. "Le gouvernement (du Hamas) dément les accusations de Barak sur les incidents à Eilat et affirme qu'il n'y a pas de lien entre la bande de Gaza et ce qui est arrivé près d'Eilat", a déclaré un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou.

Les Etats-Unis ont condamné "dans les termes plus forts les attaques terroristes brutales". "Les engagements récents pris par le gouvernement égyptien de régler la question de la sécurité dans le Sinaï sont importants et nous pressons le gouvernement égyptien de trouver une solution durable", a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon a exprimé ses craintes de voir une "escalade" de la violence dans le conflit israelo-palestinien après cette attaque et a appelé "toutes les parties à la retenue".

Par la voix du Quai d'Orsay, la France a condamné "avec la plus extrême fermeté la série d'attentats terroristes". "Rien ne saurait justifier de tels actes, à l'heure où toutes les énergies devraient être mobilisées au service de la paix", a ajouté le Quai d'Orsay.

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