Élections législatives en Inde : comptes gelés, médias "achetés"... La campagne électorale totalement muselée de l'opposition à Narendra Modi

Réunis sous une large coalition, les opposants politiques ne désespèrent pas de faire vaciller le Premier ministre nationaliste hindou, donné largement vainqueur du scrutin législatif.
Article rédigé par Valérie Crova - Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un motard passe devant une affiche du Premier ministre Narendra Modi, le 18 avril 2024 à Dantewada, en Inde. (IDREES MOHAMMED / AFP)

Entravée, affaiblie, mais toujours là. Face à la machine électorale élaborée par Narendra Modi, l’opposition indienne réunie au sein de la coalition "India" éprouve toutes les peines du monde à exister. Le Congrès, le principal parti d’opposition dirigé par Raoul Gandhi, descendant de la dynastie qui a dominé la vie politique indienne pendant des décennies, le Congrès n’a pas pu mener une campagne digne de ce nom. 

Pourtant, malgré les obstacles qui se sont accumulés ces derniers mois, ils continuent de croire qu'ils peuvent encore inverser la tendance donnant le Premier ministre nationaliste hindou largement vainqueur du scrutin. 

"Il y a une absence claire et visible de règles du jeu équitable. Pourquoi est-ce que je dis ça ? Parce que nos comptes ont été gelés. Aujourd'hui, encore, une grande partie de notre argent est toujours saisie par le parti au pouvoir. De plus, les médias traditionnels ne nous offrent pas le type de couverture que nous devrions accorder à tous les partis", dénonce Pawan Kheira est le porte-parole du parti du Congrès. 

"Ils peuvent se permettre d'acheter la totalité des journaux... et ils l'ont fait"

Il suffit en effet de regarder la une mercredi 17 avril du Time of India, le principal journal anglophone du pays a publié les grandes lignes du programme du parti du Premier ministre avec la photo de Narendra Modi, avec ce titre "Les résolutions du BJP", sans aucun autre commentaire. "C'est un parti riche en ressources. Ils peuvent se permettre d'acheter la totalité des journaux... et ils l'ont fait. Ils ont donc racheté les médias et nous n'avons pas les moyens de financer ce type de campagne", sourit nerveusement Pawan Kheira.

Pawan Kheira est le porte-parole du parti du Congrès, l'un des principaux partis politiques d'opposition en Inde. (FABIEN GOSSET / FRANCEINFO)

Le parti au pouvoir a également été accusé d'instrumentaliser la justice pour empêcher les membres de l'opposition de se présenter. Plusieurs sont d'ailleurs actuellement derrière les barreaux. "Dans 95 % des cas, les enquêtes des agences telles que le Bureau central des investigations, étaient dirigées contre l'opposition. 95 % des demandes ! Elles ne portent aucune plainte contre ceux qui sont de leur côté. Toutes ces affaires sont dirigées contre l'opposition", dénonce le porte-parole. 

Et à ceux qui voient en Narendra Modi l'homme providentiel de l'Inde, Pawan Kheira rétorque : "Deux jeunes se suicident chaque heure dans ce pays. Deux agriculteurs se suicident chaque heure dans ce pays fort. Il y a quatre viols par heure dans ce pays. C'est contre cela que nous luttons. C'est pourquoi nous parlons de justice !"

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis. Les élections se déroulent en sept étapes jusqu'au 1er juin, avec plus d'un million de bureaux de vote à travers le pays. 

Élections législatives en Inde : reportage avec l'opposition à Narendra Modi, par Valérie Crova et Fabien Gosset

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