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Inde: Modi confirme son interêt pour six réacteurs nucléaires EPR

Le Premier ministre indien Narendra Modi a confirmé sa volonté d’acquérir, au plus tard début 2019, six réacteurs nucléaires EPR à Jaitapur sur la côte ouest de l'Inde. Ce projet de centrale nucléaire, qui représente une capacité de 10.000 mégawatts, est en discussions depuis décembre 2010. La mobilisation des opposants a quant à elle repris, le site étant situé sur une zone sismique.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Poignée de mains entre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault (G) et le Premier ministre indien Narendra Modi au sommet Pravasi Bharatiya Divas 2017, à Bangalore, le 8 janvier 2017. (MANJUNATH KIRAN / AFP)

Le dirigeant nationaliste hindou, Narendra Modi, et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, se sont entretenus, le 8 janvier 2016 à Bangalore, dans l'Etat du Karnataka, situé au sud de l'Inde. L'Inde «est un immense pays, qui a des besoins très importants pour assurer sa sécurité face à tous les défis qu'elle rencontre», a souligné le ministre français, quatre mois après la vente de 36 chasseurs Rafale français, en septembre 2016, pour environ huit milliards d'euros. 

Un an plutôt, François Hollande s'était rendu dans ce rare grand pays à afficher une croissance de 7%. Alors que l'Inde s'emploie à moderniner son arsenal, M.Ayrault a indiqué que M.Modi était «prêt à tout examiner», n'excluant pas de futurs contrats d'armements le premier pays importateur d'armes mondial. Le commerce bilatéral entre les deux pays s’élève à huit milliards d’euros, un chiffre en nette progression depuis 2000. 

Deux réacteurs signés en 2010
L'Inde cherche à développer sa production d'électricité afin d'approvisionner les 300 millions d'Indiens dépourvus de courant. Areva et l'électricien indien NPCIL ont ainsi conclu en décembre 2010 un accord cadre portant sur l'achat de deux premiers réacteurs, avec une option sur la fourniture de quatre autres supplémentaires. Un accord estimé alors à 7 milliards d'euros.


L'EPR de Jaitapur devrait s’étendre sur 968 hectares de terres, selon le site Observatoire des multinationales, et entrainerait la disparition de cinq villages (Madban, Niveli, Karel, Mithgavane et Varliwada), dont la population totale est estimée à 40.000 personnes. Les habitants de la région ont reçu les ordres officiels d’acquisition de terrains en 2007 et, l’acquisition de 938.026 hectares a été finalisée par le gouvernement du Maharashtra en janvier 2010.

Les opposants mobilisés le 25 janvier 
Le choix du site de Jaitapur s'est fait 2003, avant même qu’Areva ait conçu l’EPR et que l’accord-cadre indo-français sur les importations de réacteurs n’ait été signé.


Ce projet de centrale est dénoncé localement par les riverains depuis 2011. Greenpeace a récemment mis en garde contre l'instabilité du terrain situé en zone sismique. Cultivateurs, pêcheurs, défenseurs de l'environnement et militants anti-nucléaire entendent manifester le 25 janvier, veille du Republic Day, contre la contruction de la centrale.Prévue révue pour être la plus puissante au monde, avec une une capacité de 10.000 mégawatts, son coût, selon Le Monde, est estimé à 60 milliards de dollars (56,7 milliards d'euros).

Le nucléaire en Inde, lancé en 1948
Le programme nucléaire de l’Inde a été mis en place en 1948, avec l’introduction d’un projet de loi sur l’énergie atomique par le Premier ministre Nehru. Cette loi donne à l’Etat l’exclusivité des «responsabilités et droits exclusifs» sur les questions relatives à l’énergie atomique. En 1969, avec l’aide des Etats-Unis, l’Inde a lancé son premier réacteur à Tarapur, en bord de mer, dans l'Etat du Maharasthra.

Le pays compte 20 centrales nucléaires qui produisent moins de 2% de la production nationale d'électricité. Le gouvernement veut porter cette part à 25% en 2050. Les services du Premier ministre indien verraient bien les pelleteuses arriver sur le chantier de Jaitapur au plus tard début 2019, juste avant les élections générales, lors desquelles M.Modi pourrait briguer un second quinquennat.

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