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En Iran, il vaut mieux être transgenre qu'homosexuel

Depuis la révolution islamique de 1979, l'Iran réprime sévèrement tout «égarement» sexuel qui serait autre qu'un mariage entre un homme et une femme. Chacun contourne la censure ou compose avec le risque, comme il peut. Pourtant, une révolution sexuelle est en train d'avoir lieu dans ce pays qui connait une baisse du taux de natalité alarmante.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Shahran (Iran) : jeune couple assis contemplant la vue sur Téhéran.

 (AFP PHOTO/ATTA KENARE)

L'Iran a un rapport à la sexualité pour le moins inattendu et n'en est pas à une contradiction apparente près. N'existe et n'a droit de cité légalement parlant (mais surtout sexuellement), qu'un couple hétérosexuel officiellement marié. Tout rapport hors mariage est considéré comme adutère et n'est pas toléré. Il existe même un barême très précis de punition en cas d'infraction présumée, en fonction du nombre de fois où elle a été commise. 

Une étude du ministère de l'Education montrait pourtant que 80% des jeunes filles iraniennes affirmaient avoir un petit ami. Cette évolution n'est pas à prendre à la légère car l'Iran subit un effondrement de sa natalité, avec une population qui se marie beaucoup moins, divorce beaucoup plus et ne fait plus d'enfants. C'est même le pays qui a connu la baisse de son taux de natalité la plus rapide jamais vue dans l'histoire, et ce malgré une population jeune.

Mais dans le même temps, afin d'assouplir les règles et de rattraper une société dont les mœurs sexuelles se libérent malgré tout, les religieux du pays sont sur le point de valider la notion de «mariage temporaire». Il peut durer de une heure à plusieurs décennies dans une limite de 99 ans et s'il est une forme admise de mariage à l'essai, il a surtout le mérite d'éviter la fameuse notion d'adutère. Seuls les chiites reconnaissent officiellement ce procédé.

L'homosexualité honnie et réprimée
L'ayatollah Khomeini avait publié une fatwa (décret religieux ayant valeur de loi) en faveur des personnes désirant changer de sexe (transgenre). Ce qui fait que l'Iran est un pays qui pratique fréquemment ce type d'intervention et où les transsexuels sont bien traités. Et ce, alors même que l'homosexualité, qu'elle soit masculine ou féminine, est honnie et durement réprimée. 

En 2007, Mahmoud Ahmadinedjad répondait sans sourciller devant les étudiants de l'université de Columbia que l'Iran ne comptait pas d'homosexuels. 


Le 6 août 2014, Adbullah Ghavami Chahzanjiru et Salman Ghanbari Chahzanjiri ont été pendus, exécution d'une condamnation à mort pour «sodomie consensuelle». Si ces pendaisons en place publique sont le châtiment suprême, les homosexuels iraniens sont régulièrement arrêtés et détenus pendant un temps durant lequel ils peuvent être fouettés, torturés, tabassés.

Iran, Mashhad, le 18 juillet 2005 : Mahmud Asgari, 16 ans (D) et Ayaz Marhoni, 18 ans, accusés et condamnés pour avoir eu un rapport avec un garçon de 13 ans.

 (AFP PHOTO/ISNA/STR)

En désespoir de cause, certains homosexuels se résolvent à subir une intervention de changement de sexe, alors qu'ils ne sont pas transgenre, afin de vivre tranquillement leur relation avec leur partenaire. Ultime solution à une vie impossible.

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