Iran : le pouvoir réprime une manifestation organisée par des étudiants dans une prestigieuse université de Téhéran
Des affrontements avec la police ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, selon une agence de presse iranienne et des ONG. Un mouvement anti-gouvernemental a émergé dans le pays depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre.
La colère populaire ne retombe pas. De violents affrontements ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi entre étudiants et forces de sécurité dans l'université de technologie Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse d'Iran, ont rapporté lundi 3 octobre des médias d'Etat et des ONG. La police anti-émeute a tiré des billes d'acier et du gaz lacrymogène contre des étudiants qui protestaient, selon l'agence de presse iranienne Mehr. Ces affrontements ont eu lieu plus de deux semaines après le début des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini.
L'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo (Norvège), a publié deux vidéos dimanche, l'une montrant apparemment des policiers iraniens à moto poursuivant des étudiants qui courent dans un parking souterrain, et l'autre, des policiers à moto emmenant des personnes dont la tête est recouverte de sacs en tissu noir.
(1of3) Major crackdown on protesters at Sharif Uni in Tehran today.
— IranHumanRights.org (@ICHRI) October 2, 2022
In this clip from earlier, peaceful students fleeing from police on motorcycles in parking lot… #IranProtests #MahsaAmini #Iran #مهسا_امینی #اعتصابات_سراسری pic.twitter.com/6kqL21Ss1c
"La mort" plutôt que "l'humiliation"
"Femme, vie, liberté", "les étudiants préfèrent la mort à l'humiliation", ont scandé les manifestants, selon l'agence Mehr, ajoutant que le ministre iranien des Sciences était ensuite venu à l'université parler aux étudiants en vue de calmer la situation. Des incidents sont également survenus à l'université d'Ispahan, dans le centre du pays.
Au moins 92 personnes ont été tuées en Iran par la répression depuis le début des manifestations, selon le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York, qui s'efforce d'évaluer le nombre de morts malgré les coupures d'internet et les blocages d'applications comme WhatsApp ou Instagram et d'autres services en ligne. Les autorités iraniennes affirment quant à elles qu'environ 60 personnes, parmi lesquelles douze membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le 16 septembre.
Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a accusé lundi les Etats-Unis et Israël ainsi que leurs "agents" d'avoir fomenté les manifestations. C'est sa première réaction depuis le début du mouvement. Le président iranien, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a lui aussi accusé dimanche les "ennemis" de l'Iran de "conspirer" contre son pays.
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