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Iran : une femme décapitée en pleine rue par son mari violent, la vidéo du féminicide bouleverse le pays

La vidéo de l'époux paradant dans la rue sourire aux lèvres avec la tête de Mona Heidari est devenue virale et suscite l'émoi en Iran.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une femme dans les rues de Téhéran (Iran) le 7 février 2022. (MORTEZA NIKOUBAZL / NURPHOTO / AFP)

Des images extrêmement choquantes. En Iran, la vidéo d'un homme exhibant la tête de sa jeune épouse après l'avoir décapitée a été diffusée dimanche 6 février. Soupçonnée d'adultère, Mona Heidari, âgée de seulement 17 ans, a été assassinée par son mari et son beau-frère à Ahvaz, capitale de la province du Khouzestan, dans le sud-ouest du pays. La vidéo de l'époux paradant dans la rue sourire aux lèvres avec la tête de sa victime est apparue peu de temps après.

Sajjad Heydari et son frère ont été arrêtés lundi par la police "lors d'un raid dans leur cachette", a annoncé la police locale, citée par l'agence officielle Irna. "Mona a été victime d'une ignorance dévastatrice, nous sommes tous responsables de ce crime", s'est insurgée la cinéaste féministe Tahmineh Milani sur Instagram. "Un être humain a été décapité, sa tête a été exhibée dans les rues et le tueur en était fier. Comment peut-on accepter une telle tragédie ? Nous devons agir pour que les féminicides ne se reproduisent plus", a écrit de son côté le quotidien réformateur Sazandegi.

Un "crime d'honneur"

Selon les médias locaux, la victime avait un fils de 3 ans. Elle avait été mariée de force à son cousin. L'adolescente était victime de violences conjugales, selon le Women's Committee NCRI, un comité de défense des femmes iraniennes. "Chaque fois qu'elle demandait le divorce, sa famille la persuadait de rentrer chez elle et de continuer à vivre avec son mari pour le bien de son enfant", témoigne l'organisation.

La jeune femme avait fui six mois en Turquie, avant de revenir, rapporte Le Parisien. Son père et son oncle étaient parvenus à la retrouver là-bas et lui avait promis une vie en sécurité. "Seule et sans ressource, la jeune femme se laisse convaincre. La promesse ne sera jamais tenue. À son retour, Mona est assassinée par son époux et le frère de celui-ci", précise le quotidien. Selon un journaliste iranien, qui cite une source proche de la famille, l'adolescente aurait rencontré un Syrien réfugié en Turquie via Instagram. Un prétexte qui aurait justifié le "crime d'honneur" aux yeux de son meurtrier.

Des "lacunes juridiques" à "combler"

Réagissant au drame, plusieurs défenseurs des droits humains ont exhorté les autorités à réformer la loi sur la protection des femmes contre la violence conjugale et à augmenter l'âge minimum du mariage pour les filles, fixé actuellement à 13 ans. "Les femmes appellent le Parlement à prendre des mesures urgentes pour combler certaines lacunes juridiques et les autorités doivent s'efforcer parallèlement pour élever le niveau de conscience de la population", a défendu sur Twitter la vice-présidente iranienne chargée des Femmes et des Affaires familiales.

Pour l'avocat Ali Mojtahedzadeh, cité par le journal réformateur Shargh, la loi a des "lacunes" concernant la protection des femmes. Elle ne leur octroie pas d'indépendance et échoue à "déterminer rationnellement l'âge légal du mariage afin de mettre fin au mariage d'enfants". Tout cela "ouvre la voie aux crimes d'honneur", regrette-t-il. L'article 630 du Code pénal iranien permet à un homme de tuer sa femme et son amant s'il est témoin d'un rapport sexuel, à condition qu'il soit certain du consentement de son épouse. L'article 301 stipule également que le père et le grand-père de la femme tuée ne doivent pas mener de représailles.

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