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"Je ferai les Jeux Olympiques pour la Mongolie" : en conflit avec l'Iran, le judoka Saeid Mollaei rêve de Tokyo

Depuis que sa fédération lui a interdit de combattre un adversaire israélien lors des derniers Mondiaux, l'athlète iranien est en exil en Allemagne. Il a pris la nationalité mongole, mais son cas pourrait empêcher tous les judokas de son pays d’aller aux JO de Tokyo.

Article rédigé par Guillaume Battin - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le judoka iranien Saeid Mollaei après son titre de champion du monde des moins de 81 kilos aux championnats du monde de Baku, le 23 septembre 2018. (MLADEN ANTONOV / AFP)

Sportivement, Saeid Mollaei peut participer aux Jeux Olympiques l'été prochain. Cinquième mondial dans la catégorie des moins de 81 kilos, il est certain d'être qualifié : les 35 meilleurs athlètes peuvent prétendre d'aller à Tokyo. Seulement voilà, le 30 août 2019, aux Mondiaux de Tokyo, le judoka Iranien a perdu ses deux derniers combats. Une défaite sous la pression des autorités politiques de son pays, qui ne voulaient pas qu’il affronte sur le tapis un judoka israélien.

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Depuis, Saeid Mollaei est en exil en Allemagne et a pris la nationalité mongole. "J’ai eu beaucoup de difficultés ces derniers mois. Je suis coupé de ma famille qui vit toujours en Iran et qui a été menacée", explique-t-il. "Ici, en Allemagne, j’ai réclamé le statut de réfugié politique. En attendant, je suis autorisé à disputer des compétitions sous la bannière de la Fédération internationale de judo, mais je ferai les Jeux olympiques de Tokyo pour la Mongolie", ajoute le judoka. 

"Iranien et fier de l'être"

Saeid Mollaei affirme qu'il n'a aucun contact avec les autorités iraniennes. "J'ai changé de numéro de téléphone. Je reçois beaucoup de messages, des gens qui me disent que je suis un traître, mais je n'y fais pas attention",  affirme-t-il. "Je suis Iranien et fier de l'être. Je sais bien que la décision est radicale, de vivre en Allemagne, couper les ponts, mais c'est la bonne décision. Je ne regrette pas", assure l'athlète.

Je vais persévérer dans cette nouvelle vie et réaliser mon rêve en décrochant la médaille d'or.

Saeid Mollaei

à franceinfo

La nouvelle nationalité mongole de Saeid Mollaei pourrait compliquer sa situation car un athlète doit l’avoir acquise au moins trois ans avant une olympiade. L’Iran n’a pas hésité à rappeler ce point de règlement, et c’est le tribunal arbitral du sport qui devra trancher, le 8 avril prochain. "Le régime iranien diffuse des informations qui ont pour but de me nuire et de bloquer ma carrière, mais ce n’est pas l’Iran qui décide : ce sont le CIO et la Fédération internationale de judo", martèle le judoka.

L'Iran exclu des compétitions internationales

Le cas de Saeid Mollaei n’est pas isolé. D’autres judokas iraniens exilés sont dans la même situation. Mais la médiatisation de son affaire a poussé la Fédération internationale à exclure l’Iran des compétitions internationales. "Je ne dis rien de mal sur le régime iranien, je veux simplement combattre, faire mon sport", plaide l'athlèle. Il l'affirme : "Je ne suis qu'un judoka, pas un homme politique. C’est l’Iran qui en fait une affaire politique."

Le combat le plus dur de Saeid Mollaei va encore durer quatre mois. Le 6 juillet, date de clôture des sélections, il sera trop tard.

Témoignage du judoka Saeid Mollaei au micro de Guillaume Battin

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