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Le ton monte dangereusement entre Riyad et Téhéran sur la Syrie et La Mecque
Après la passe d’armes feutrée à l’ONU entre Obama et Poutine sur l’avenir du président syrien, le ton est monté dangereusement entre les parrains régionaux du conflit. L’Arabie Saoudite qui soutient la rébellion envisage désormais de chasser Bachar al-Assad par la force militaire. Téhéran, allié stratégique de Damas, menace de réagir durement sur le dossier des pèlerins morts à la Mecque.
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Deux jours après l’empoignade diplomatique aux Nations Unies entre un Barack Obama qui cherche une solution à la crise syrienne sans Bachar al-Assad et un Vladimir Poutine qui s’acharne à le protéger, la tension régionale a franchi un nouveau palier.
Chasser Bachar par la force militaire
En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le chef de la diplomatie saoudienne a évoqué pour la première fois la possibilité de chasser le président syrien par la force militaire.
«Il n’y a pas d’avenir pour Assad en Syrie», a martelé Adel al-Jubeir, selon lequel il y a deux options pour un règlement dans ce pays. «Une option est un processus politique au cours duquel il y aurait un conseil de transition, a-t-il dit, l’autre option est une option militaire qui se terminerait également par la destitution de Bachar al-Assad.»
Au cours de son point de presse, le ministre, énigmatique sur l’option militaire, a également rejeté la proposition russe d’une large coalition internationale contre l’organisation de l’Etat islamique.
Il a rappelé que son pays, qui fait déjà partie de la coalition mise sur pied depuis un an par Washington pour combattre les islamistes, appuyait les forces de «la rébellion modérée» qui se battent contre Daech et Bachar.
Fin de non recevoir à Moscou et défi à Téhéran
Fin de non recevoir à l’adresse de Moscou qui fait tout pour sauver un régime en bout de course. Mais aussi défi à Téhéran qui appuie militairement et financièrement un allié stratégique assurant la continuité avec le Hezbollah, la milice chiite libanaise pro-iranienne.
Ces déclarations interviennent au moment où la République islamique hausse elle-même le ton sur le dossier des pèlerins morts dans la dramatique bousculade du 24 septembre à la Mecque.
Avec un bilan provisoire de 239 morts, 14 blessés et 241 disparus, l’Iran a payé un lourd tribut dans cette catastrophe, dont il attribue la responsabilité à «l’incompétence des autorités saoudiennes».
Khamenei menace de réagir durement au dossier des pèlerins
Plus encore le guide suprême Ali Khamenei s’impatiente désormais devant le retard pris dans le rapatriement des victimes dont les familles ne souhaitent pas l’inhumation en Arabie Saoudite.
D’autant qu’un ancien ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Ghazanfar Rokanabadi, déjà cible d’un attentat dans la capitale libanaise, effectuait son pèlerinage. Téhéran le cherche alors que Ryad affirme que son nom n’apparaît pas sur les registres officiels du Hajj.
Face à ce retard, lié aux difficultés d'identifications des victimes et aux autorisations d’atterrissage dans le royaume, Ali Khamenei a prévenu que l’Iran réagira «durement» si le gouvernement saoudien ne remplit pas son devoir de renvoyer les corps des Iraniens dans leur pays.
Des armes iraniennes à destination des rebelles au Yémen
Sur fond d’escalade verbale l’Arabie Saoudite a annoncé l’arraisonnement d’une «embarcation de pêche» iranienne chargée de munitions et de matériels militaires à destination de la rébellion Houthie au Yémen.
Un mouvement soutenu par Téhéran, et contre lequel Riyad est déjà en guerre pour éviter qu’il ne devienne une force équivalente au Hezbollah libanais en Arabie heureuse.
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