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Témoignage Manifestations en Iran : Mahsa Amini "n'était pas politisée" mais "voulait être indépendante", confie son cousin

Sept semaines après le meurtre de l'étudiante iranienne, ce combattant kurde, exilé en Irak, raconte les menaces que subit sa famille. Il se dit convaincu que la vague de protestation qui secoue l'Iran fera tomber le régime.

Article rédigé par franceinfo - Benoit Drevet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme brandit une image représentant l'iranienne Mahsa Amini, lors d'une manifestation de solidarité avec le peuple iranien à Hasakeh (Syrie), le 25 septembre 2022. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Erfan Mortezayi nous reçoit en tenue de combattant dans les faubourgs de la ville kurde irakienne de Souleimaniye. Il y vit en exil à 200 kilomètres de Saghez, où sa cousine Mahsa Amini a été enterrée après avoir été battue à mort par la police des mœurs iranienne qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire. Lui l'appelle "Jhina", le prénom kurde qu'elle avait interdiction de porter en Iran."Quand quelqu’un de votre famille est tué par des autorités de la République islamique et meurt pour rien, c’est un mauvais sentiment, confie-t-il, J'étais en colère".

>>> Mort de Mahsa Amini : qu'est-ce que la police des mœurs, qui sème la terreur en Iran ?

Cinq semaines après le meurtre de "Jhina", point de départ d'une vague de manifestations contre le régime, la famille de la jeune femme "est dans un très mauvais état mental, elle est sous pression", explique son cousin.

"Les fonctionnaires de la République islamique n'ont pas laissé sa famille se rendre sur sa tombe. Ils ont menacé son frère d’arrestation."

Erfan Mortezayi, cousin de Mahsa Amini

à franceinfo

À 34 ans, Erfan Mortezayi est engagé de longue date dans la lutte contre le régime iranien. Peshmerga, il a combattu en Irak contre Daech et contre des milices soutenues par Téhéran. Une lutte qu’il a payée de sa liberté, forcé de rentrer en Iran en 2019. Au chevet de sa mère mourante, il est arrêté : "J’ai été détenu pendant deux ans dans les prisons de Saghez et Sanandaj, et torturé pendant plusieurs mois par les services secrets. Après avoir purgé ma peine, j’ai contacté ma brigade en sortant de prison. Ils m’ont dit que ce serait mieux que je parte d’Iran pour continuer mon combat. Je suis fier d’être à nouveau un peshmerga ici." 

"Avant de mourir, elle a ouvert un magasin"

Très engagé, Erfan Mortezayi explique que ce n’était pas le cas de sa cousine Mahsa. Selon lui, l'Iranienne de 22 ans aspirait à une vie normale. Elle venait tout juste d’être acceptée en études de droit à l’université. "Mahsa n'était pas une personne politisée, disons-le clairement. Mahsa était une fille qui aimait la musique, l'art, la danse. Mahsa était une fille qui voulait être indépendante économiquement. Elle avait ouvert un magasin à Saghez qui vendait des vêtements pour femmes."   

Alors que les manifestations d'étudiants se poursuivent en Iran, samedi 5 novembre, accompagnées de grèves dans certains commerces, Erfan Mortezayi estime qu'il n’y a pas de retour en arrière possible pour la minorité kurde et les femmes iraniennes. Il l’assure, sa cousine est devenue le symbole qui fera tomber le régime islamique.

Iran : le témoignage du cousin de Mahsa Amini, recueilli par Benoît Drevet

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