Vidéo En Iran, les aspirations contrariées d'une jeunesse préoccupée par la crise climatique

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Un documentaire s'immerge dans la jeunesse iranienne à travers le récit de 6 témoins de moins de 25 ans.
Extrait de "Nous, jeunesse(s) d'Iran. Voyage interdit au sein de la génération "Z" iranienne" Un documentaire s'immerge dans la jeunesse iranienne à travers le récit de 6 témoins de moins de 25 ans. (ELEPHANT / CHRYSALIDE)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Dans le documentaire "Nous, jeunesse(s) d'Iran", Solène Chalvon-Fioriti donne la parole à de jeunes Iraniens et Iraniennes, qui racontent leur quotidien et leurs engagements.

"Pour eux, le jeune Iranien idéal, c'est un jeune Iranien mort." A 22 ans, Sarah (le prénom a été modifié) porte un regard sévère sur la manière dont la République islamique d'Iran considère sa jeunesse. Cette étudiante est la narratrice principale du documentaire Nous, jeunesse(s) d'Iran. Voyage interdit au sein de la génération "Z" iranienne, réalisé par Solène Chalvon-Fioriti et diffusé dimanche 21 avril sur France 5. Une immersion inédite au sein de cette jeunesse iranienne massive et plurielle, qu'elle soit opposante politique ou pro-régime.

Ce film a été rendu possible grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Cette technique a permis d'anonymiser totalement les six jeunes témoins de moins de 25 ans qui se livrent, malgré l'interdiction formelle de communiquer avec les médias étrangers. Une précaution essentielle afin de les protéger des représailles, et qui permet de comprendre les bouleversements dans la sphère intime et l'espace public d'une société en pleine mutation.

L'écologie, un combat politique pour les jeunes Iraniens

À l'automne 2022, l'Iran est secoué par des manifestations d'ampleur après la mort de Jina Mahsa Amini, 22 ans, à la suite d'une arrestation violente par la police religieuse de Téhéran. L'événement marque le point de départ du mouvement "Femme Vie Liberté", une révolte massive, portée principalement par des étudiants issus de la petite classe moyenne. Si ce soulèvement, durement réprimé par le régime, finit par s'essouffler, il a toutefois semé les graines d'une autre révolution, conduite par de jeunes gens politisés, connectés, écologistes et féministes, résidant pour la plupart dans les grandes villes d'Iran. 

Sarah a servi pendant un an de correspondante en Iran à la réalisatrice du documentaire. A l'aide de notes vocales et de vidéos, elle a raconté son quotidien et celui de ses amis. Etudiante en sciences, elle est particulièrement sensible à l'environnement et à la cause écologique, devenue un espace majeur de contestation.

"Parce que je fais des études scientifiques, je comprends mieux comment le régime gère nos ressources. En gros : n'importe comment. Les mollahs n'y connaissent rien et les ingénieurs qui les entourent sont tous des vendus."

Sarah, étudiante en filière scientifique

dans le documentaire "Nous, jeunesse(s) d'Iran"

Depuis plusieurs années, l'Iran fait en effet face à une crise environnementale d'ampleur. Les effets du changement climatique y sont aggravés par la mauvaise gestion des ressources, la corruption et l'incurie du régime. Le pays, qui est l'un des plus exposés au réchauffement de la planète, est aussi l'un des plus gros pollueurs. Zones agricoles en voie de désertification, barrages vides, affaissement des terres, assèchement des lacs et des rivières, tempête de sable, déforestation, accaparement des terres… Autant de problèmes auxquels la République islamique n'apporte aucune réelle solution, dénoncent les jeunes témoins.

Sécheresse et pollution de l'air asphyxient les villes

Encerclée de montagnes et de déserts, la capitale Téhéran, peuplée de 9,5 millions d'habitants, est régulièrement paralysée par une pollution si prégnante que les écoles et administrations doivent fermer leurs portes. "Les jeunes ne peuvent pas profiter de l'extérieur, ni les vieux, ni les gens malades (…). L'année dernière, même ma banque a fermé trois jours à cause de la pollution", raconte Sarah.

Le lit asséché du Zayandeh Roud qui traverse la ville d'Ispahan témoigne de la crise climatique qui préoccupe la jeunesse iranienne. Autrefois havre de fraîcheur, le fleuve est devenu désormais un lieu de désolation. Un barrage a dévié son alimentation. L'eau captée en amont circule dans des tuyaux destinés à approvisionner les cultures, l'industrie et les besoins d'une population croissante, et a littéralement épuisé ce cours d'eau. Shirin, militante écologiste de 25 ans, arpente sa terre craquelée. "Le nom de ce fleuve, Zayandeh Roud, veut dire 'fertile, qui donne naissance'. Mais maintenant, il ressemble plutôt à un fleuve qui donne la mort", déplore la jeune femme. 

Le documentaire Nous, jeunesse(s) d'Iran. Voyage interdit au sein de la génération "Z" iranienne, réalisé par Solène Chalvon-Fioriti est diffusé dimanche 21 avril à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv.

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