Cet article date de plus de huit ans.

Sécheresse en Iran: le pays joue sa survie

En Iran, neuf villes dont la capitale Téhéran sont menacées de coupures d’eau. Deux raisons à cela: d’une part, le manque de précipitations bien sûr, d'autre part, une gestion catastrophique de la ressource. Des barrages construits en dépit du bon sens ont détourné les rivières. Au point que des milliers d’hectares sont menacés de désertification.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Un bateau rouille au sec sur ce qui fut la rive du lac d'Oroumieh. (Morteza Nikoubazl/The New York Times)

Le lac d’Oroumieh, au nord, est le triste témoin du danger qui guette le pays. Autrefois, un des plus grands lacs salés du monde, long de 145 kilomètres, large de 55, il a perdu 95% de l’eau qu’il contenait il y a 20 ans. Selon les spécialistes, il pourrait disparaître d’ici trois ans.
 
Ses paysages actuels rappellent ceux de la tristement célèbre mer d’Aral. Bateaux rouillés abandonnés au milieu d’une gangue de sel et de boue séchée, à des kilomètres de l’eau. Autrefois lieu de vacances prisé, aujourd’hui c’est en voiture qu’on gagne la centaine d’îlots qui faisait le charme de l’endroit. Les flamants roses, les pélicans et autres oiseaux sauvages ont déserté les lieux devenus trop salés.

Le lac d'Oroumieh est désormais couvert en grande partie d'une épaisse couche de sel. (Mailonline)
 
Les écologistes sont divisés sur la possibilité de rendre au lac sa beauté originelle. L’officielle agence nationale de l’environnement y croit, à condition que dame nature donne un coup de main ! «Si la pluie et les chutes de neige sont bien gérées, nous pouvons canaliser assez d'eau pour faire revivre le lac», explique Mohammad Darvish, un responsable de l’agence cité par le Los Angeles Times.
 
Certes, le manque de précipitations n’arrange rien. Les barrages ne sont remplis qu’à 40% de leur capacité. Mais le lac d’Oroumieh a subi une gestion déplorable de l’eau. Une combinaison toxique de pratiques d'irrigation effrénée et de gaspillage, la construction de barrages sur les affluents, la sécheresse prolongée et le réchauffement climatique, ont accéléré le déclin de ce lac légendaire.
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Une politique qui sévit partout dans le pays
«En une décennie, on a érigé 500 barrages à des fins d’irrigation», explique Mariam Pirzadeh, la correspondante de France 24 à Téhéran. 90% de la ressource en eau est utilisée par l’agriculture. Dans cette région aride, on n’hésite pas à cultiver du riz…
A Ispahan, vision surréaliste, la rivière qui arrose la ville est à sec. Son cours est détourné régulièrement pour irriguer des champs.

Les autorités iraniennes ont compris depuis peu qu’il est urgent d’agir et d’inverser la tendance qui pousse à la désertification du pays, déjà très aride. Un budget de 188 millions d’euros a été débloqué, notamment pour racheter des terres et réduire l’irrigation.

Mais il faudra du temps. D’ici là, on s’en remet à la météo. «En Iran quand il pleut, on dit qu’il fait beau», confie Mariam Pirzadeh.
 

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