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Etats-Unis: quand Ronald Reagan sortait indemne du scandale de l'Irangate
Il y a trente ans, jour pour jour, éclatait aux Etats-Unis le scandale de l’Irangate qui allait sérieusement écorner l’image du président républicain Ronald Reagan. Des fuites dans la presse avaient révélé des ventes d’armes à l’Iran, dont le profit servait à financer les Contras nicaraguayens, en lutte contre le sandiniste Daniel Ortega. Deux opérations pourtant interdites par la loi américaine.
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Le 3 novembre 1986, le journal libanais Ash Shiraa réalise un scoop(Nouvelle fenêtre) mondial. Il révèle que l’administration américaine livre clandestinement des armes à l’Iran, ennemi du Grand Satan américain, en échange de pressions sur le Hezbollah, le mouvement chiite pro-iranien, pour qu’il libère six ressortissants américains retenus en otage au Liban.
Dans la foulée, il apparaîtra également que les profits de ces ventes illégales servent à soutenir les Contras au Nicaragua, un mouvement de lutte armée contre le régime révolutionnaire sandiniste du président Daniel Ortega.(Nouvelle fenêtre)
Une initiative de hauts fonctionnaires du Conseil National de Sécurité (CNS) américain, qui aurait obtenu le feu vert de la Maison Blanche malgré les réticences du secrétaire d’Etat et du secrétaire à la Défense.
Une opération en tout cas prohibée, elle aussi, depuis 1984 par les lois américaines. Notamment avec l’amendement Boland (Nouvelle fenêtre)qui interdit à la CIA «de soutenir directement ou indirectement les opérations militaires ou paramilitaires menées au Nicaragua.»
Obtenir le retour des otages américains au Liban, sains et saufs
C’est le scandale Iran-Contras, connu également sous le nom d’Irangate, en référence à l’affaire d’espionnage politique du Watergate(Nouvelle fenêtre) qui aboutira en 1974 à la démission du président Richard Nixon.
Un scandale qui secoue en tout cas les Etats-Unis, où l’administration a toujours affirmé ne jamais négocier avec les preneurs d’otages.
Confirmées par Téhéran, les révélations d’Ash Shiraa contraignent le président Reagan, qui avait commencé par nier, à se prononcer publiquement à la télévision. Dans un discours à la nation(Nouvelle fenêtre), le 13 novembre 1986, il reconnaît qu’une seule cargaison d’armes a été transférée en Iran, à l’époque en guerre contre l’Irak.
«Cette initiative a été prise pour une simple et bonne raison: renouer les relations avec la nation iranienne afin d’obtenir une sortie honorable de six années de guerre sanglante entre l’Irak et l’Iran, éliminer un état-sponsor du terrorisme et assurer un retour de tous les otages sains et saufs», expliquera-t-il.
Israël, en contact avec l'Iran et les Contras, joue les intermédiaires
Dans cette stratégie consistant à voir malgré tout l’Iran comme un allié potentiel, Israël(Nouvelle fenêtre), qui maintient des contacts avec l’Iran et fournit déjà des aides à la contre-révolution nicaraguayenne, va servir d’intermédiaire dès 1985.
Deux livraisons d’armes auront lieu cette année-là via le canal israélien avant que le CNS ne prenne directement en charge la suite. Le lieutenant colonel Oliver North, membre de ce conseil conduira l’une des livraisons. Il se rendra, fin mai 1986 à Téhéran, avec une bible en cadeau, dédicacée par Ronald Reagan en personne. Mais le miracle n’aura pas lieu et seuls trois otages américains seront libérés.
Le scandale s'enlise dans les méandres de la justice et Reagan s'en sort indemne
Sous la pression des démocrates du congrès et des médias, Ronald Reagan met le holà à l’opération et charge la commission Tower (Nouvelle fenêtre)de faire toute la lumière sur l’Irangate.
Des mois d’auditions plus tard et malgré les centaines de pages du rapport qui en ressortira, l'affaire s'enlise dans les méandres de la justice américaine. Des acteurs tels qu’Oliver North(Nouvelle fenêtre) et John Poindexter(Nouvelle fenêtre) seront inculpés de charges multiples et jugés coupables, avant que les sentences ne soient annulées en appel.
La commission Tower ne trouvera pas de preuves directes contre Ronald Reagan. L'acteur-président, dont la cote de popularité s’était effondrée à 46%, exprimera lui ses regrets, avant d'achever son second mandat à 68% en 1988.
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