Reportage "J'ai peur mais je reste parce que mon travail est ici" : à la frontière avec le Liban, des Israéliens sont contraints de rester, malgré la guerre

Dans le nord d'Israël, des habitants de kibboutz sont très proches de la frontière avec le Liban où la guerre avec le Hezbollah fait rage. Ils sont cependant trop loin pour être évacués car leurs habitations sont au-delà de la zone des cinq kilomètres.
Article rédigé par Willy Moreau, Jérémy Tuil - Benjamin Thuau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une photo prise depuis le nord d'Israël, le long de la frontière avec le Liban, montre de la fumée après un bombardement israélien, le 4 octobre 2024. (JALAA MAREY / AFP)

Les frappes israéliennes se poursuivent au Liban où un millier de personnes sont mortes depuis l'offensive israélienne du 23 septembre. Dans le même temps, le Hezbollah continue d'envoyer des roquettes dans le nord d'Israël où 68 000 personnes ont été évacuées depuis presque un an. Cela comprend toute la zone à cinq kilomètres de la frontière avec le Liban. Au-delà, les habitants sont contraints de rester car le gouvernement ne leur donne pas d’indemnité comme au kibboutz de Kfar Szold où vivent 500 habitants aux portes du Liban.

Dans ce kibboutz, le jardin d'Anath donne sur des montagnes d'où l'on aperçoit un village libanais. "Souvent, on voit dans le ciel les missiles du Liban, le dôme de fer qui vient les intercepter, raconte Anath. C'est comme des feux d'artifice". Et ces dernières semaines, avec les frappes israéliennes qui s'intensifient, d'immenses colonnes de fumée s'échappent au loin. Les explosions résonnent dans la vallée.

Une question d'argent

Mais cette médecin généraliste s'est résignée : "J'ai peur mais je reste parce que mon travail est ici et aussi parce qu'on a acheté une maison et qu'on a un crédit à rembourser et qu'on ne reçoit pas d'indemnisation."

"On ne peut pas se permettre de bouger, faire partir toute la famille à un autre endroit et financer tout ça avec un crédit et les autres dépenses, c'est trop lourd."

Anath, israélienne

à franceinfo

Le gouvernement a fixé la zone d'évacuation à cinq kilomètres de la frontière. En dessous, les habitants perçoivent une indemnisation, l'équivalent de 50 euros par jour et par adulte, plus une vingtaine d'euros par enfant. Mais ce village aux maisons modernes se situe 500 mètres au-delà. Faute d'argent, Shula doit donc rester chez elle, malgré les sirènes d'alerte qui résonnent sans cesse. "Je n'ai pas de pièce sécurisée dans ma maison  L'abri le plus proche est à trois minutes à pied et nous n'avons seulement que 15 secondes pour s'abriter. Donc mon couloir est l'endroit le plus sûr."

Shula ne se fait pas d'illusions malgré l'intensification des combats, les autorités n'étendront pas la zone d'évacuation. "Je ne pense pas qu'ils peuvent le faire car ils devraient faire la même chose sur tout l'ouest de la Galilée. Il y aurait tellement plus de monde à financer, tellement d'argent a été dépensé pour la guerre. Tout est question d'argent", résume-t-elle. Israël a déjà largement dépassé les 50 milliards d'euros de dépenses depuis le début de la guerre.

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