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"Ce parti est hostile à tous les grands travaux publics" : à Gênes, les habitants sont divisés sur l'attitude du Mouvement cinq étoiles

Des images ont montré le fondateur du mouvement M5S Beppe Grillo, qui fait partie de la coalition au pouvoir, s’opposer au projet de contournement du viaduc de Gênes, parce que jugé trop cher.

Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles, lors d'un meeting à Rome en 2014. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Le gouvernement italien a déclaré la guerre à la société autoroutière gestionnaire du pont qui s'est écroulé mardi 14 août à Gênes. Mais quelques heures à peine après l’effondrement du pont, une série de documents puis une vidéo datant de 2014 ont été exhumés par la presse et mettent en difficulté le Mouvement 5 étoiles [M5S] qui fait partie de la coalition au pouvoir. 

Le M5S niait la nécessité de construire une voie de détournement

Le parti s’est toujours opposé à la Gronda, un projet autoroutier qui permet de contourner le viaduc très fréquenté. Il estimait que l’édifice durerait 100 ans et plaisantait sur son risque d’effondrement. Sur la vidéo de 2014, Beppe Grillo, originaire de Gênes, harangue la foule lors d’un meeting à Rome. Lui qui considère que l’éventualité d’un effondrement du pont est une fable, s’interroge : "Combien coûterait la Gronda, le projet de contournement ? Plus de sept milliards d’euros, nous dit-on. On ne les a pas !", réplique furieux le fondateur du Mouvement cinq étoiles.

La Gronda classée dans les projets à revoir

Il y a quelques jours, le ministre des Transports, Danilo Toninelli, avait classé cette bretelle autoroutière parmi les projets à revoir. Son abandon pur et simple a même été envisagé.

"Ce parti est hostile à tous les grands travaux publics", déplore Aldo, un retraité rencontré dans le quartier d’enfance de Beppe Grillo à Gênes. "Actuellement, ils ne veulent pas du projet car ils ont d’autres choses à faire."

Ils ne veulent pas dépenser d’argent là-dessus.

Aldo, un retraité génois

avec franceinfo

"Pourtant c’est un projet nécessaire, qu’il faut faire, insiste Aldo. Ils ont promis des choses qui sont irréalisables mais voyons maintenant s’ils y arrivent. En tous cas, j’ai un problème avec ce parti. Voilà."

A quelques mètres, Pino profite des derniers rayons du soleil en terrasse, une bière devant lui. D’abord, il balaye la polémique d’un revers de main : "La presse italienne est encore esclave de l’ancien gouvernement. Ce gouvernement en ce moment, il a vraiment montré qu’il était en faveur des citoyens. J’ai grandi avec Beppe Grillo. Il est d’ici. Il est de ce quartier. C’est un homme que j’estime beaucoup." Puis il concède un peu gêné : "Il pouvait probablement enlever un peu de trafic sur cet ancien pont."   

Une polémique stérile dénonce des élus locaux du M5S

Ce projet de la Gronda est soutenu par le maire de Gênes, le président de la province et le patronat local. Mais pour Maria Tini et Luciano Cavazone, deux élus locaux du Mouvement cinq étoiles, le sujet n’est pas là : "Je pense avant tout que c’est une polémique stérile et honteuse, dit Maria Tini. Le projet définitif de voie de contournement a été voté en 2017. Le début des travaux était prévu en 2019 pour une durée de 10 ans. Cette voie de contournement aurait donc théoriquement vu le jour en 2029 donc quel est le rapport entre notre position sur cette voie et l’écroulement du pont ce 14 août 2018 ?" 

De toute façon, le pont serait resté, il n’aurait pas été détruit donc la tragédie n’aurait pas été évitée. Tout ce qui a été dit n’est que polémique stérile et instrumentalisation de la tragédie

Luciano Cavazone, un élu local du M5S

avec franceinfo

Pour ces élus du M5S, le seul coupable est et reste Autostrade per Italia, la société privée qui gérait la concession et qui espère reconstruire le pont d’ici cinq mois.

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