Italie : Mario Draghi remet sa démission, mais le président la refuse
Le Premier ministre italien fait face à l'effritement de sa coalition, après la décision du Mouvement 5 Etoiles de boycotter un vote de confiance au Sénat.
Le Premier ministre italien, Mario Draghi, confronté à l'effritement de sa coalition, a annoncé en Conseil des ministres qu'il remettrait sa démission, jeudi 14 juillet au soir, a annoncé le gouvernement. Mais le président italien, Sergio Mattarella, a refusé cette démission. "Le président de la République n'a pas accepté la démission du président du Conseil et l'a invité à se présenter au Parlement (...) afin qu'ait lieu une évaluation de la situation", a fait savoir la présidence de la République dans un communiqué.
Le chef du gouvernement est affaibli notamment par la décision du Mouvement 5 Etoiles (M5S), membre "antisystème" de la coalition au pouvoir, de boycotter un vote de confiance au Sénat. "La majorité d'unité nationale qui a soutenu ce gouvernement depuis sa création n'existe plus. Le pacte de confiance fondant l'action de ce gouvernement a disparu", a-t-il expliqué. L'alliance soutenant Mario Draghi rassemblait jusqu'ici toutes les forces politiques représentées au Parlement, à l'exception du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia.
"Le M5S veut être au centre de l'attention"
Mario Draghi dispose donc théoriquement d'une majorité pour gouverner même sans les 5 Etoiles, mais l'ex-patron de la Banque centrale européenne (BCE) avait affirmé à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas de gouvernement sans eux. Il était en effet arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d'"unité nationale" susceptible de surmonter l'urgence pandémique et la crise économique qui s'en est suivie. Or sans le soutien du M5S, il considère que son gouvernement devient "politique" et estime n'avoir pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.
A l'origine de la crise, le décret-loi portant sur des aides en faveur du pouvoir d'achat contient également une mesure pour faciliter la construction d'un incinérateur d'ordures à Rome, à laquelle le M5S s'oppose. Il réclame aussi l'instauration d'un salaire minimum et d'un revenu citoyen. Mais le mouvement a aussi, voire surtout, des arrière-pensées électoralistes, selon les analystes. "Le M5S s'écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité (...). Il veut être au centre de l'attention", explique à l'AFP Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien.
L'incertitude régnant sur l'avenir du gouvernement Draghi n'a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés. La Bourse de Milan a chuté de plus de 3% jeudi et le coût de la dette de l'Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.
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