Venise : le "projet Moïse" pour sauver la ville de la montée des eaux patauge, entre problèmes techniques et corruption
Ce projet conçu il y a 50 ans prévoit la construction de 78 digues flottantes autour de la ville.
Des dégâts "irréversibles" dans la basilique Saint-Marc, des coûts déjà estimés à plusieurs centaines de millions d'euros selon le maire. Venise a été durement touchée par la montée des eaux. Une marée haute d'une ampleur inédite a envahi, mardi 12 novembre, les ruelles de ville. Mais si l'eau s'évacue petit à petit, certains redoutent que jamais une solution ne soit trouvée. Pourtant, Venise compte depuis des années pour se protéger sur le "projet Moïse" du nom du prophète et qui veut dire "sauver des eaux."
Ce projet imaginé il y a 50 ans et débuté en 2003 n'est toujours pas terminé, le maire de Venise Luigi Brugnaro estime qu'il est désormais temps de s'y mettre sérieusement. "Je suggère que l'on s'unisse davantage pour être forts face aux urgences du pays, à ce qui ne fonctionne pas. Finissons-en avec ces choses que nous entendons dire depuis des années, il y a tant de gens qui sont montés sur des podiums, qui ont organisé des congrès."
Un projet estimé à deux milliards qui en a déjà coûté sept
C'est un projet fantôme dénonce l'élu, il devait coûter deux milliards d'euros or il en a pour l'instant coûté sept à cause de la corruption et du blanchiment d'argent de responsables politiques locaux. Vicenzo a une galerie d'art contemporain sur la place Saint-Marc, il vit à Venise depuis 27 ans et ne croit absolument pas au "projet Moïse". "Les derniers travaux pharaoniques et inutiles comme ceux du 'projet Moise', cela ne fonctionnera jamais. Pour le faire fonctionner cela coûterait plus cher que ce que cela a déjà coûté pour le réaliser. Vraiment, tout cela n'a fait que détériorer la situation".
78 digues flottantes pour protéger la ville
Et ce projet va détériorer aussi la lagune et les fonds marins avec ses structures qui utiliseront du gaz pour lever les 78 digues flottantes censées protéger Venise de la montée des eaux. Pour Sara qui étudie à l'université de Venise, les politiques ne prennent pas la mesure du changement climatique : "Heureusement les jeunes de notre âge commencent à s'en occuper vraiment, à faire ce qu'ils peuvent. Parce que finalement à notre âge on ne peut pas grand chose malheureusement. Mais ce sont les adultes et surtout les politiques qui devraient réellement commencer à prendre les choses au sérieux."
La visite de Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, à Venise mercredi soir, visait surtout à rassurer les commerçants en promettant de les indemniser et de terminer rapidement le "projet Moïse". Et si les sirènes ont encore retenti durant la nuit, l'eau n'a pas envahi la ville.
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