Disparition de Tiphaine Véron au Japon : la fin des investigations est "un coup dur, inadmissible et impensable", pour son frère Damien
Invité sur franceinfo, Damien Véron, frère de Thiphaine Véron estime "injuste" que la juge d'instruction en charge des investigations pour retrouver la Française disparue en 2018 au Japon ne se rende pas sur place.
"L'acteur majeur qui peut nous permettre de retrouver Tiphaine ne va rien faire, c'est épouvantable", déplore Damien Véron, le frère de Tiphaine, après que la juge d'instruction a notifié aux parties la fin des investigations pour retrouver la Française disparue en 2018 à Nikko au Japon, à l'âge de 36 ans. La magistrate n’est jamais allée sur place et n’ira jamais, une décision que Damien Véron estime "injuste". Il ne croit pas à la piste accidentelle. La jeune femme, épileptique, avait quitté son hôtel pour aller se promener, laissant derrière elle sa valise, son passeport et son programme de visites touristiques.
franceinfo : La juge a donc terminé ses investigations et ne se rendra pas au Japon. Damien Véron, comment interprétez-vous cette décision ?
Damien Véron : Pour nous, c'est inadmissible, impensable. On se bat depuis pratiquement quatre ans pour retrouver Tiphaine. Nous avons mené nous-mêmes nos investigations sur place, des recherches pour montrer que la piste accidentelle était peu probable. C'est un désastre. C'est injuste par rapport au travail qu'on a fourni depuis quatre ans. On a financé nous-mêmes les recherches, le terrain. Ce qui est aussi injuste, c'est qu'on avait l'appui de l'Elysée, de l'ambassadeur de France au Japon, qui attendait justement pour ce déplacement. Et le parquet de Poitiers, lui-même a appuyé ce déplacement. C'est d'autant plus incompréhensible. On a le soutien aussi de la communauté française au Japon qui nous attend. Tout le monde nous soutient et finalement, l'acteur majeur qui peut nous permettre de retrouver Tiphaine ne va rien faire, c'est épouvantable.
Qu'est-ce que cette décision implique ?
Cela implique énormément de choses. On a découvert qu'au Japon, il n'y avait pas d'enquête criminelle en raison d'un fonctionnement différent du nôtre. Donc, l'instruction en France était une occasion pour, justement, permettre de faire avancer le volet criminel. Les Japonais, que ce soit par Interpol ou lors des commissions rogatoires internationales, n'ont jamais répondu aux questions demandées, notamment sur les suspects qu'il y avait autour de l'hôtel. Il y a beaucoup de choses troubles, donc en allant sur place, au Japon, le sens du protocole et de l'honneur fait que la police vous reçoit et qu'à ce moment-là, il est possible de demander des choses. Par exemple, il y avait du sang sur les murs de la chambre d'hôtel de Tiphaine. C'est quelque chose qu'elle aurait pu demander. Elle aurait pu demander une expertise, confronter les suspects. Il y avait plein de choses à faire.
Vous ne croyez définitivement pas à la piste accidentelle ?
On n'y croit plus du tout, tout simplement parce qu'on a des éléments factuels qui nous ont permis de démontrer que ce n'était pas possible. Les Japonais expliquaient que Tiphaine était tombée dans la rivière et que suite à un typhon, le niveau de l'eau faisait que l'on ne pouvait pas retrouver son corps. Mais des spécialistes ont travaillé sur ces données, et en fait, il n'y a eu ni crue ni typhon. Donc la piste de la chute dans l'eau est peu probable, quant au fait de se perdre autour de l'hôtel, vous n'avez pas vraiment de chemin, vous ne pouvez pas aller loin, il n'y a pas de précipice non plus... Donc il n'y a pas d'élément qui permette de retenir principalement la piste accidentelle.
Qu'allez-vous faire maintenant ?
On va essayer d'utiliser d'autres leviers d'enquêteurs. On va se rendre sur place, continuer, mais c'est évident que c'est un coup dur puisqu'un juge se déplaçant au Japon donne une notion officielle qui fait qu'on aurait pu avoir des choses plus rapidement et plus facilement. Donc on repart dans un combat qui va être très dur. Et notre avocat maître Antoine Vey va se battre contre cette décision, et essayer de tout faire pour qu'il y ait au moins un juge, même si ce n'est pas le juge d'instruction de Poitiers, puisse aller à Nikkō pour interroger tous les témoins ou même les suspects et qui n'ont jamais été interrogés.
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