Dix jours après les séismes au Japon, toujours "pas d’eau potable, pas d’électricité" pour de nombreux rescapés, souvent âgés, de la péninsule de Noto

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des rescapés aidés par les militaires montent dans un bus pour rejoindre un site d’évacuation à Kanazawa (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)
La situation est toujours critique au Japon dix jours après les séismes et le tsunami qui ont touché la péninsule de Noto. À Suzu, une des villes les plus sinistrées, les survivants, en grande partie des personnes âgés, vivent dans des conditions très difficiles.

Plus de dix jours après les séismes et le tsunami qui ont endeuillé le centre-ouest du Japon, particulièrement la péninsule de Noto, le 1er janvier 2024, le bilan est désormais de 215 morts et une trentaine de disparus. Mais pour les survivants, souvent âgés, les conditions de vie sont extrêmement pénibles. Les routes impraticables, la pluie, la neige, le froid et les difficultés d’acheminement de l’aide rendent la gestion de crise très complexe.

Au centre sportif Ishikawa, un hélicoptère de l’armée atterrit sur le parking. En sortent des rescapés des séismes au nord de la péninsule de Noto. Norimitsu Funamoto, lui, est arrivé la veille en voiture. Cet exploitant de champs de sel à Suzu, une des villes les plus sinistrées, a tout perdu. "90% de la ville sont saccagés. Autour de moi plusieurs personnes ont été piégées. Sur cinq voisins coincés sous les décombres, un seul corps a été sorti", se désole-t-il. 

Norimitsu Funamoto, réfugié de la ville de Suzu,  photographié de dos avec ses sacs sur le parking du centre sportif Ishikawa à Kanazawa transformé en site pour les évacués (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)

Norimitsu Funamoto a rejoint un premier refuge mais a vécu une semaine infernale. "Il n’y avait pas d’eau potable, pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de réseau mobile ni de téléphone fixe. On n’avait aucune information. On buvait l’eau de pluie", raconte l'homme.

Koichiro Machi, membre de l’ONG Peace Winds, se trouve toujours à Suzu. "Beaucoup de refuges ne sont pas équipés. La circulation de virus augmente. C’est la pleine campagne, loin d’une grande ville, avec une proportion très élevée de personnes âgées. C’est donc très compliqué", alerte-t-il. 

"La péninsule de Noto a des voies d’accès très vulnérables et compte de nombreuses communes dont plus de 50% de la population est âgée."

Hiroshi Hase, gouverneur d’Ishikawa

à franceinfo

Le Japon est pourtant rompu aux catastrophes naturelles, mais la prévention a été insuffisante et l’acheminement de l’aide est un problème majeur. "Il ne faut pas trop comparer ce séisme avec d’autres catastrophes passées", répond le gouverneur d’Ishikawa, Hiroshi Hase.

Des rescapés venus des villes sinistrées du nord de la péninsule de Noto débarquent d’un hélicoptère de l’armée, centre sportif Ishikawa à Kanazawa (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)

Chaque jour, la cellule de crise se réunit autour du gouverneur dans le chef-lieu du département. Pompiers, police, armée, représentants des ministères, chaque partie rapporte les actions menées. Les maires des villes sinistrées craignent désormais de nombreux décès de personnes âgées qui ne veulent pas quitter leurs maisons, pourtant devenues inhabitables. 

Réunion de la cellule de crise départementale autour du gouverneur d’Ishikawa, Hiroshi Hase (au premier plan) (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)

"Je comprends bien les inquiétudes, mais les policiers patrouillent autour des maisons inoccupées. Ils vérifient que n’y entrent pas des voleurs ou intrus. Si les habitants n’évacuent  pas, les décès indirectement liés aux séismes vont augmenter", explique le gouverneur, Hiroshi Hase. Ce phénomène de dégradation mortelle des conditions de vie cause parfois plus de victimes après coup que les séismes eux-mêmes.

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