Dix jours après les séismes au Japon, toujours "pas d’eau potable, pas d’électricité" pour de nombreux rescapés, souvent âgés, de la péninsule de Noto
Plus de dix jours après les séismes et le tsunami qui ont endeuillé le centre-ouest du Japon, particulièrement la péninsule de Noto, le 1er janvier 2024, le bilan est désormais de 215 morts et une trentaine de disparus. Mais pour les survivants, souvent âgés, les conditions de vie sont extrêmement pénibles. Les routes impraticables, la pluie, la neige, le froid et les difficultés d’acheminement de l’aide rendent la gestion de crise très complexe.
Au centre sportif Ishikawa, un hélicoptère de l’armée atterrit sur le parking. En sortent des rescapés des séismes au nord de la péninsule de Noto. Norimitsu Funamoto, lui, est arrivé la veille en voiture. Cet exploitant de champs de sel à Suzu, une des villes les plus sinistrées, a tout perdu. "90% de la ville sont saccagés. Autour de moi plusieurs personnes ont été piégées. Sur cinq voisins coincés sous les décombres, un seul corps a été sorti", se désole-t-il.
Norimitsu Funamoto a rejoint un premier refuge mais a vécu une semaine infernale. "Il n’y avait pas d’eau potable, pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de réseau mobile ni de téléphone fixe. On n’avait aucune information. On buvait l’eau de pluie", raconte l'homme.
Koichiro Machi, membre de l’ONG Peace Winds, se trouve toujours à Suzu. "Beaucoup de refuges ne sont pas équipés. La circulation de virus augmente. C’est la pleine campagne, loin d’une grande ville, avec une proportion très élevée de personnes âgées. C’est donc très compliqué", alerte-t-il.
"La péninsule de Noto a des voies d’accès très vulnérables et compte de nombreuses communes dont plus de 50% de la population est âgée."
Hiroshi Hase, gouverneur d’Ishikawaà franceinfo
Le Japon est pourtant rompu aux catastrophes naturelles, mais la prévention a été insuffisante et l’acheminement de l’aide est un problème majeur. "Il ne faut pas trop comparer ce séisme avec d’autres catastrophes passées", répond le gouverneur d’Ishikawa, Hiroshi Hase.
Chaque jour, la cellule de crise se réunit autour du gouverneur dans le chef-lieu du département. Pompiers, police, armée, représentants des ministères, chaque partie rapporte les actions menées. Les maires des villes sinistrées craignent désormais de nombreux décès de personnes âgées qui ne veulent pas quitter leurs maisons, pourtant devenues inhabitables.
"Je comprends bien les inquiétudes, mais les policiers patrouillent autour des maisons inoccupées. Ils vérifient que n’y entrent pas des voleurs ou intrus. Si les habitants n’évacuent pas, les décès indirectement liés aux séismes vont augmenter", explique le gouverneur, Hiroshi Hase. Ce phénomène de dégradation mortelle des conditions de vie cause parfois plus de victimes après coup que les séismes eux-mêmes.
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