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A Nagasaki, la remilitarisation du Japon inquiète les descendants des victimes de la bombe : "Tant que les armes nucléaires existent, il y a un risque qu’elles soient utilisées"

Soixante-dix huit ans après le bombardement atomique de Nagasaki, au Japon, les survivants s'inquiètent de la politique de réarmement de leur pays, justifiée par un contexte de guerre en Ukraine et de tensions en Asie.
Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Takeko Kudo, survivante du bombardement atomique âgée de 85 ans et d'autres représentants observent un moment de silence lors d'une cérémonie à Nagasaki, alors que la ville marque le 78e anniversaire du bombardement atomique américain lors de la Seconde Guerre mondiale. (JAPAN POOL / JIJI PRESS)

Il y a 78 ans, le 9 août 1945, la ville japonaise de Nagasaki était anéantie par une bombe atomique, trois jours après celle d'Hiroshima. Aujourd’hui, les survivants de la bombe de Nagasaki sont en colère contre la politique de réarmement du Japon justifiée par un contexte de guerre en Ukraine et de tensions en Asie. Ils réfutent aussi le principe de la dissuasion sous le parapluie nucléaire américain. 

L'escalade militaire du Premier ministre contestée

En août 1945, Teruko Yokoyama avait 4 ans quand elle a vu l’horreur atomique sur Nagasaki. 78 ans après cette hibakusha, le nom donné aux survivants irradiés, n’accepte pas l’escalade militaire du Premier ministre japonais Fumio Kishida, pourtant élu d’Hiroshima.

"Nous pensions qu’il pouvait bien comprendre notre sentiment. Eh bien non, voilà qu’il hausse les dépenses militaires et prend tour à tour des décisions effrayantes."

Teruko Yokoyama

à franceinfo

Répétant à l’envi que ce qui arrive en Ukraine aujourd’hui peut survenir demain en Asie, par exemple un conflit à Taïwan, le Premier ministre Kishida a trouvé dans la guerre provoquée par la Russie un prétexte pour accélérer la remilitarisation du Japon, un virage déjà amorcé par son prédécesseur.

Le budget militaire du Japon a été doublé

Kishida a décidé de doubler le budget militaire du Japon, il a modifié sans débat la doctrine de défense dans un sens plus offensif et s’apprête à autoriser l’exportation par le Japon d’armes y compris létales.

"La dissuasion nucléaire permet de maintenir la paix ? Mais la dissuasion nucléaire cela veut dire qu’existent des bombes atomiques, et cela, ce n’est pas possible. Il se moque du monde."

Teruko Yokoyama

à franceinfo

Cette contradiction est aussi relevée par le nouveau maire de Nagasaki, Shiro Suzuki, lui-même fils d’irradié : "Pour les victimes de la bombe atomique il n’y a qu’une solution, se débarrasser des armes nucléaires, appelle-t-il. Tant que les armes nucléaires existent, il y a un risque qu’elles soient utilisées. Tout n’a pas été fait pour parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires. Il y a des débats sur le budget de la défense en raison de la situation tendue dans la région, mais nous appelons surtout à des efforts diplomatiques pour le désarmement et l’apaisement des tensions."

Pour les habitants de Nagasaki, le Japon doit respecter le principe inscrit dans sa constitution : le renoncement à la guerre et à l’escalade militaire.

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