Japon : prises pour des croix gammées par les touristes, les svastikas pourraient disparaître des cartes
Les autorités japonaises chargées de promouvoir le tourisme ont proposé d'abandonner des symboles pris pour des croix gammées nazies par les touristes.
Des croix gammées sur les cartes du Japon ? Cela a dû étonner plus d’un touriste occidental. Mais si ce symbole était en fait un svastika utilisé pour désigner les temples bouddhistes ? Cette confusion de la part des étrangers est si récurrente que les autorités chargées de la promotion touristique du pays proposent de remplacer ce signe. Une idée qui ne passe pas auprès de tous les Japonais. Francetv info revient sur cette histoire de croix à branches coudées.
Connoté négativement en Occident
Pour les touristes occidentaux, pas de doute, une croix avec des branches à angles droits représente forcément une croix gammée nazie. Alors lorsqu’elle s’affiche à plusieurs reprises sur une carte du Japon, l’incompréhension règne. En Europe, Adolf Hitler avait désigné cette croix noire entourée d’un cercle blanc sur fond rouge comme symbole de la victoire de l’homme aryen dans son livre Mein Kampf en 1920. Encore aujourd’hui, les croix gammées sont utilisées par les partis néonazis. Ce symbole, pourtant connu depuis la préhistoire en Asie, mais aussi en Europe, en Afrique ou en Amérique, a donc une forte connotation négative en Occident.
C’est pourquoi les autorités japonaises ont proposé de le changer sur les cartes en le remplaçant par un temple en forme de pagode à trois niveaux, rapporte le Telegraph (en anglais).
Symbole de sagesse et d'amour au Japon
Mais, dans la culture japonaise, la signification est bien différente. Il s’agit d’un "manji" bouddhiste, appelé svastika dans d'autres pays, qui symbolise la sagesse et l'énergie, ou encore l'amour et la compassion, selon le sens de rotation. Il peut aussi être utilisé pour noter le nombre 10 000 et, au Moyen-Age, de nombreux clans l’utilisaient dans leur blason familial.
C’est pourquoi certains Japonais ne sont pas prêts à abandonner ce signe traditionnel. Pour Makoto Watanabe, expert en communication à l’université Hokkaido Bunkyo, il ne faut pas cautionner le manque de connaissances des Occidentaux sur le pays qu'ils visitent. "Je pense que ce serait une bonne chose que les étrangers voient ce symbole et se demandent ce qu’il signifie et d’où il vient. Cela permettrait également de se débarrasser de certaines impressions négatives associées à ce symbole."
Par ailleurs, le Japon n’est pas le seul pays à utiliser le svastika comme symbole religieux. On le retrouve dans les pays hindouistes comme l'Inde, au Tibet mais aussi en Chine. Entre ouverture au monde et respect des traditions, le Japon hésite.
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