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Le Japon révise sa Constitution pour en finir avec le «pacifisme» imposé

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a décidé de modifier la Constitution afin de permettre à l’armée nippone, les «Forces d’auto-défense», de participer à des opérations extérieures pour venir en aide à des alliés. La Chine s’inquiète de la fin du pacifisme historique de son voisin.
Article rédigé par Géopolis FTV
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Publié Mis à jour
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En avril 2014, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Tokyo contre le projet de révision de la Constitution. (AFP PHOTO / TOSHIFUMI KITAMURA)

Selon le Premier ministre conservateur, il ne s’agirait que d’un changement de philosophie. Pourtant, la modification de la Constitution du pays et tout particulièrement de son article 9 «qui consacre la renonciation à la guerre à jamais et donc un pacifisme gravé dans l’airain», comme l'écrit l’AFP, inquiète profondément Pékin.
 
L’apparition du nouveau concept de «droit à l’auto-défense collective» représente un tournant dans l’histoire du pays. En plein contentieux avec son voisin chinois sur la possession des îles Senkaku-Diaoyu, le Japon revendique désormais son droit à «tourner définitivement la page de la guerre, de la défaite et de la repentance».
 
Considéré comme un va-t-en guerre par Pékin, Shinzo Abe argue de son devoir à protéger la vie de la population japonaise «en toutes circonstances». La nouvelle version du texte précise par ailleurs que les «Forces d’auto-défense» japonaises agiraient en aide à leurs alliés et en premier lieu aux Etats-Unis.
 
Désaccord de la population
La modification de la Constitution doit encore être débattue au Parlement. Pour l’instant, elle est loin de faire l’unanimité au sein de la population nippone. De récents sondages ont révélé que plus de la moitié des Japonais étaient attachés au pacifisme du pays.
 
Des rassemblements ont d’ailleurs eu lieu ces derniers jours sous les fenêtres de Shinzo Abe. Les manifestants ont crié «pas de guerre !» ou «stoppez les fascistes». Le chef du gouvernement a par la suite tenté d’apaiser la contestation en avançant qu’il ne ferait que «réinterpréter» le texte de 1947.
 
Crainte chinoise
En Chine, les médias ont réagi à cette annonce en dénonçant une «décision dangereuse du gouvernement japonais». «La Chine figure-t-elle désormais (parmi les objectifs de) votre programme militaire ?», a même interrogé l’agence officielle Chine nouvelle, s’adressant à Tokyo.
 
Face à une transformation des rapports géopolitiques dans la région, le Global Times, quotidien au ton nationaliste, estime que «les Etats-Unis espèrent qu’une intensification des tensions en Asie freinera la montée en puissance de la Chine».
 
Depuis quelques années, Washington a en effet montré un regain d’intérêt à l’encontre des pays asiatiques mais de là à désirer l’explosion d’un conflit… L’argument semble abusif.

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