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La croissance de la population mondiale "diminue depuis 70 ans", analyse le démographe Gilles Pison

"Les humains ont fait le choix d'avoir peu d'enfants, et cela est vrai partout, dans de plus en plus d'endroits sur la planète", explique sur franceinfo le démographe Gilles Pison.

Article rédigé par franceinfo
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Une infirmière s'occupe d'un nouveau-né dans un hôpital de Taizhou, dans la province chinoise du Zhejiang (est), le 12 mai 2022. (AFP)

Nous sommes chaque jour de plus en plus nombreux sur la planète. L'Organisation des Nations unies (ONU) vient de publier son nouveau rapport sur l'évolution de la population mondiale : d'ici le 15 novembre prochain, la barre des 8 milliards de Terriens sera dépassée, soit 1 milliard d'humains de plus qu'en 2010. Pourtant, ces chiffres ne doivent pas masquer le fait que "la croissance démographique décélère continuellement depuis 70 ans", explique Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller scientifique auprès de l’Institut National d’Etudes Démographiques (Ined).

franceinfo : Il y aura 8 milliards d'êtres humains d'ici le mois de novembre... Est-ce qu'il y a de la place pour tout le monde ?

Gilles Pison : On se posait déjà la question lorsque nous n'étions qu'un milliard sur la planète. C'était il y a deux siècles, c'est une question récurrente. Le constat, c'est que nous sommes de plus en plus nombreux. Mais la croissance démographique décélère depuis 70 ans. La population augmente au rythme de 1% par an et le rythme devrait continuer de baisser dans les prochaines décennies. L'ONU prévoit une stabilisation à 10 milliards et demi de personnes sur Terre dans les années 2080. C'est parce que les humains ont fait le choix d'avoir peu d'enfants. Et cela est vrai partout, dans de plus en plus d'endroits sur la planète. La principale conséquence c'est une stabilisation, une croissance zéro à terme de la population, peut-être même une diminution.

"Dans les deux tiers des pays du monde, les couples ont désormais moins de deux enfants en moyenne."

Gilles Pison, démographe

à franceinfo

L'ONU a compté par ailleurs que le Covid-19 avait provoqué une surmortalité de 14,9 millions de personnes. Est-ce que cela va induire des changements démographiques à l'avenir ?

Non, aucun. Cela ne modifie en rien les tendances, ça représente un surcroît de décès de 12% pour les seules années 2020 et 2021. L'hypothèse, c'est que le Covid-19 a eu un effet temporaire et qu'à partir de 2022, l'espérance de vie retrouve ses niveaux et ses tendances d'avant pandémie. C'est souvent ce qu'on observe et donc ça n'aura modifié que très peu les chiffres annoncés pour les prochaines décennies.

Les Indiens seront bientôt plus nombreux que les Chinois. Est-ce une source de bouleversements ?

Là aussi, c'était annoncé. Même si la révision des chiffres par l'ONU fait que la date de dépassement de la Chine par l'Inde a été avancée. On savait que ça aurait lieu avant 2030, mais là, on sait que ce sera le cas dès l'an prochain. Et ça ne vient pas tellement d'une croissance plus rapide de l'Inde, qui suit ses évolutions. C'est parce que les chiffres pour la Chine ont été révisés sérieusement à la baisse à cause du constat que les Chinoises et les Chinois ont de moins en moins d'enfants, beaucoup moins que ce que l'on imaginait. Ceci malgré la politique nataliste du gouvernement chinois qui souhaite soutenir la natalité. C'est un des grands enseignements de ces projections : la Chine va voir sa population baisser dans les prochaines décennies. Le pays est à son maximum et il pourrait perdre presque la moitié de sa population en effectifs d'ici 2100.

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